A la rencontre d’Olivier Badermann, tailleur de pierre

« 42 années de complicité avec la pierre, ma grande sœur de quelques millions d’années »

C’est à la rencontre d’un artiste un peu particulier que nous vous emmenons aujourd’hui.

Olivier exerce une profession qui est peu commune mais pourtant, dont nous voyons les résultats quasi quotidiennement… En ville ou à la campagne, à pied ou en voiture, du sol aux plus hautes pointes de nos églises.

 

Le proverbe d’Olivier : « Faites du bien à une pierre, elle vous le rendra »
Ça y est, vous avez trouvé le métier d’Oliver, il est bien tailleur de pierre.

 

Depuis ses débuts, il a vécu de nombreuses expériences professionnelles formatrices tant sur le plan de son art que sur celui de la relation à l’humain.

Cet échange entre personnes semble très important pour lui et il le partage pendant des animations, des stages d’apprentissage, chez lui ou au sein d’autres structures.

 

Bonjour Olivier,
Est-ce que je peux vous laisser vous présenter en quelques mots ?

 

Il est très difficile de se présenter soi-même, surtout d’une façon objective. Néanmoins ce que j’ai mentionné en exergue de mon site résume assez bien je pense ma présentation : 42 années de complicité avec la pierre, ma grande sœur de quelques millions d’années et mes outils, fidèles collaborateurs, toujours disponibles, qui m’ont aidé à construire et à me construire. L’une, l’un et les autres sont un ensemble, les outils donnent vie à la pierre, j’en suis le médiateur.

Votre métier est tellement intéressant et renvoie à tellement d’époques que je ne sais pas par où commencer. Dans l’imaginaire, le tailleur de pierre va exercer son travail sur la flèche d’une Cathédrale, sur une statue d’un temple romain, sur la façade d’un palais ou sur les toits du château de Chambord ! Il traverse les âges en fait !

Est-ce l’une de ses raisons, ou ce petit côté romanesque, qui vous a donné envie de faire ce métier ?
Depuis combien de temps maintenant êtes-vous tailleur de pierre ?

Vu son grand âge il est évident qu’elle m’a mis en liaison avec une filiation très lointaine, elle m’a permis de me situer et de donner un sens profond à mon existence, ce que je ne pouvais deviner au début de mon parcours. Il y a effectivement un petit côté romanesque dans le sens où je suis tombé sous le charme de cette matière, j’en suis devenu amoureux et l’ait épousé. Après 42 années de vie commune, elle m’a aidé, encouragé et soutenu sans jamais me trahir.



En naviguant sur votre site internet, j’ai lu certaines choses sur le compagnonnage.
Est-ce que vous pouvez nous parler de votre expérience chez les compagnons et nous expliquer qui ils sont et leur mouvement de pensée ?

A l’époque où j’ai débuté il n’y avait que peu de centres de formation dans ce métier, le hasard ( aujourd’hui je dirais la providence ) a voulu que je frappe à leur porte. J’y ai découvert tout un univers jusqu’alors insoupçonné. La formation était très sévère, il fallait réellement une forte motivation pour tenir le coup, néanmoins j’y ai découvert le fondement.
L’entraide, le soutien et la solidarité étaient toujours présents, je me suis aperçu qu’il s’agissait véritablement d’une Fraternité ouvrière ( la Main de l’Oeuvre aujourd’hui traduite en main d’œuvre ).

Et puis toute cette tradition véhiculée depuis fort longtemps ( on situe les origines du compagnonnage à la construction du Temple de Salomon ) qui m’a attirée et dont je ne pouvais alors deviner ce qu’elle était, ni où elle allait me conduire. J’ai découvert dans cette Tradition un ensemble de connaissances merveilleuses et tellement vaste qu’il est impossible d’en saisir toute la portée car elle emmène sur l’infini ( symbole de la Tour de Babel )

Pour votre formation vous avez fait vos armes un peu partout en France.
Quel est votre souvenir le plus fort de ce début de carrière ?

Etant né à Strasbourg et y ayant vécu jusqu’à l’âge de 20 ans, je suis arrivé à Angers ma 1ère ville, mon souvenir étant comme celui d’un premier amour.
Une fois passé le pont de Saumur tout m’a semblé devenir comme de l’Or, le tuffeau, la pierre locale ( la plus tendre de France ) blanche en Touraine, devenait dorée, le sable de la Loire, le vin des coteaux du Layon ainsi que les cheveux des filles également.
Cet endroit où l’on traverse la Loire pour gagner l’autre rive restera à jamais gravé dans ma mémoire et hormis le symbole, est le moment où dans ma vie j’ai franchi quelque chose.
Cependant je pense que mon souvenir le plus fort se situe quelques mois plus tard alors qu’oeuvrant mes compagnons et moi-même sur la cathédrale de Rouen dans le but de remplacer une pierre de l’édifice.
Nous avions eu beaucoup de difficultés à relever, tracer puis à tailler cette pièce relativement complexe à nos yeux. Après la pose de cette pierre, mes collègues étant assis à la terrasse d’un café au pied de la cathédrale attendaient que je les rejoigne, restant seul à donner le dernier coup d’éponge assis sur les bastaings de l’échafaudage. J’observai et m’interrogeai sur l’immensité de cette construction, pensant aux difficultés que nous avions rencontrées pour remplacer une seule pierre de cet édifice alors qu’il en comportait des centaines, élever des milliers de tonnes de pierres avec un tracé aussi complexe à plus de cent mètres de hauteur avait pour moi une autre explication que d’agrémenter le paysage, il y avait une raison beaucoup plus profonde pour que quatre générations de bâtisseurs entreprennent un si vaste chantier.
J’étais en train de contempler les statues emblématiques lorsque le soleil couchant illumina la façade, semblant les animer.
Elles me souriaient avec un air un peu hautain me demandant «  Qui est-tu, que viens-tu faire ici, de quel droit est-tu là ? ». Cet instant m’a bouleversé et c’est à partir de ce moment, point de départ de mes premières interrogations métaphysiques, que je me suis mis à la recherche de ce qui pour moi était un mystère alors qu’il ne s’agissait que de mon impuissance à comprendre.

Olivier, qu’est-ce que c’est le tour de France des Compagnons ?
Le tour de France est certainement le moyen de perfectionnement idéal dans tous les métiers. En effet la variété que l’on rencontre sur un territoire somme toute de petite surface en est toute la richesse tant au point de vue culturel et traditionnel qu’au niveau architectural, gastronomique, géologique, climatique, ressources naturelles etc…, il suffit de parcourir une petite centaine de km pour s’apercevoir que nous trouvons ailleurs, un Alsacien se trouve différent d’un Vosgien, d’un Franc-comtois et plus encore d’un Provençal, d’un Breton ou d’un Basque.

Ainsi en parcourant diverses régions nous nous trouvons face à des matériaux différents, des techniques de travail différentes, des styles d’architecture différents, des outils différents ce qui fait que l’on complète assez rapidement notre formation dans nos métiers par une vision sous différents angles.

Après quelques années sur les routes de France, vous vous installez en Alsace et vous rattachez à la Cayenne de Dambach-la Ville.Avant de nous parler de cette arrivée en Alsace est-ce que vous pouvez nous expliquer ce qu’est une Cayenne ?

La Cayenne ( étymologiquement : chambre ou endroit clos ) est le lieu de rencontre des Compagnons dans une ville

Lorsque l’on évoque le travail des compagnons les propos sont souvent élogieux.L’enseignement chez les compagnons semble tourné vers la maîtrise d’un savoir-faire mais également vers l’échange et le rapport à l’humain.
Est-ce que vous confirmez ce ressenti ?

Oui bien sûr, malheureusement aujourd’hui le Compagnonnage comme toutes les sociétés subit des perversions, on veut être le meilleur, la course aux médailles, la gloire, cela ne mène pas à grand-chose de positif, mais bon la vanité humaine est un autre sujet. A nous les anciens accueillant les plus jeunes de veiller à discerner en eux leurs qualités humaines les meilleures, de les aider à les sublimer et à éliminer leurs défauts, ainsi on parvient au but véritable qui est une transformation de l’homme au travers de la matière.

 

Parlons un peu plus de technique et de votre travail aujourd’hui.
En 2020 quel est le travail d’un tailleur de pierre ?

Il s’agit principalement de restauration, aujourd’hui la pierre n’étant plus ou peu utilisée dans la construction, cependant il existe parallèlement quelques projets intéressants de la part d’une clientèle fidèle ou de celle qui est convaincue de la valeur de la pierre tant au niveau de la solidité que de la durabilité dans le temps ainsi que de ses innombrables façons de la mettre en œuvre.

 

En Alsace les sculptures sont très souvent réalisées en grès mais quels sont les autres types de pierre que l’on peut trouver dans la région et ailleurs en France ?

Comme déjà dit plus haut il suffit de parcourir 100 km pour découvrir des variétés de pierre de toutes formations géologiques, de couleur et de duretés différentes.
Au-delà du massif vosgien constitué essentiellement de grès, passé Lunéville à l’ouest on trouve les calcaires fermes de la Meuse, au-delà les calcaires blancs de la Champagne et du bassin parisien jusqu’aux calcaires tendres du val de Loire. Au Nord le calcaire jaune de Moselle et les calcaires durs de Normandie et des Hauts de France, au Sud les calcaires durs de Franche-comté et de la Bourgogne.
Cette dernière région se trouve très riche, les variétés sont aussi nombreuses que les vins, la vigne ne poussant que sur du minéral, on peut compter plus de trente sortes de pierres rien que sur les côtes de Beaune, pierres de couleurs variées et subtiles aussi belles les unes que les autres.

Plus loin on découvre une variété de calcaires tendres jusqu’au Baux de Provence, au Sud-Ouest de grandes variétés de calcaires de toutes sortes, certains assez grossiers formées de coquillages jusqu’en Aquitaine en remontant vers le Nord.
Au Centre les pierres volcaniques d’Auvergne et toutes sortes de calcaires fermes très agréables à tailler dans le Berry et le Nivernais. La liste est loin d’être exhaustive la France comptant autant de sortes de pierres que de vins ou de fromages qu’on estime aux alentours de 350 ( on se souvient de la réponse de Churchill à DeGaulle qui lui exprimait ses difficultés à gouverner les Français, avec son humour so british il lui répondit : » mon cher ami, un pays qui compte 350 sortes de fromage est ingouvernable », ceci pour l’anecdote )

Et vous Olivier, quelle est la pierre que vous préférez travailler et pourquoi ?

Je pense que vous avez compris mes relations avec la pierre, pour moi c’est elle qui me guide, il faut beaucoup de temps pour les connaître toutes néanmoins elles sont toutes belles et ont à chaque fois quelque chose d’autre à raconter. Pour moi si on dit LA pierre c’est ce côté féminin qui me touche le plus, je compare souvent les roches anciennes ( montagnes anciennes de 450 millions d’années ) et les roches jeunes ( montagnes jeunes de 250 millions d’années ) aux femmes matures et aux jeunes femmes, les deux sont agréables.

On retrouve cette jeunesse, joie et gaieté en taillant les calcaires jeunes amenant à une certaine contemplation et dans les grès un certain mystère chargé de mémoire amenant à la sagesse et à l’humilité. Toujours est-il que pour moi le choix est difficile, j’aime à travailler les calcaires car ils m’apportent ce côté joyeux néanmoins étant né à Strasbourg avec une ascendance paternelle d’un côté Alsacienne sur plusieurs générations et de l’autre Germanique j’ai une sensibilité particulière pour le grès qui m’apporte méditation, sagesse et humilité.

 

En regardant les photos de certaines de vos réalisations on se rend compte de l’étendu du travail. Certaines pièces sont très imposantes.
Combien de temps prend la réalisation d’une pièce comme la fontaine de la place du 17 Novembre de Sélestat ?

Cette fontaine a été réalisée en une semaine par un groupe de 10 compagnons comprenant apprentis, compagnons dont un ancien ( c’est-à-dire ayant une certaine maîtrise )

Le temps de travail étant proportionnel aux nombre d’années de métier, les pièces que j’ai taillées à l’époque en 6 jours ne m’en prendraient que 2 aujourd’hui. Il n’est pas rare que nous soyons sur une pièce complexe pendant plusieurs mois. La construction de la majorité des cathédrales en France a duré environ 200 années pour chacune, ce qui n’est pas énorme.

La finesse et la douceur des courbes que vous donnez à la pierre est incroyable !


Quels sont les outils que vous utilisez et comment parvenez-vous à rendre vos sculptures aussi lisses ?

Toutes les pierres que je taille sont finies au ciseau, en ponçant on enlève ce qu’il y a de beau dans la matière ( sauf dans certains cas où c’est nécessaire, le statuaire ou dans le marbre par exemple ). Les pierres nous arrivent de carrière sciées au diamant sans aucune vie, c’est le ciseau sous l’action du maillet qui leur donne la vie.

Je pense que pour donner cette finesse et cette douceur dans les courbes l’outil essentiel reste le cœur.

En plus de votre savoir-faire et des techniques de taille il faut être artiste pour parvenir à un tel degré de perfection.
Est-ce que tout le monde peut devenir tailleur de pierre ou faut-il une certaine vision artistique pour y arriver ?

Tout le monde possède 5 sens ( voir l’homme de Vitruve de Leonard de Vinci ) plus ou moins développés selon les cas. J’ai constaté lors de mes animations aux ateliers de la seigneurie à Andlau que tous les participants avaient une expression différente, dans tous les cas tous ont su réaliser en 2 heures un motif en bas-relief de sujet libre, je n’ai fait que les conseiller et leur apprendre le maniement des outils, ils ont découvert le matériau par eux-mêmes.
Certains, timides et hésitant la première demi-heure ont su comprendre la matière, comment elle se comportait, comment il fallait la saisir, ils ont été surpris d’eux-mêmes comme moi également en sortant un sujet très proche de la réalité, tout le monde à une sensibilité, il suffit de la réveiller. Je pense qu’avant tout il faut avoir de la patience, tout dans la pierre est lié au temps, sa formation elle-même, l’apprentissage est long, la réalisation des pièces est longue de même que le résultat défie le temps.

Pour ma part il y a un lien certain avec un passé lointain et un avenir tout aussi lointain, d’ailleurs tous les jeunes que j’ai formés ainsi que tous mes collègues ont eu un lien avec l’histoire, soit par leurs études soit par leur nature. C’est d’être dans l’obligation de prendre le temps qu’on se fait plaisir dans ce métier, c’est très reposant.

Qu’est-ce que vous préférez faire ?
Y-a-t-il un type de projets qui vous anime plus que les autres ?

Aujourd’hui je n’ai plus de préférence, je prends autant de plaisir à remplacer une marche d’escalier ou un appui de fenêtre tellement qu’après des années de métier tout est imprimé dans l’œil, dans le geste, on arrive à mesurer sans instrument de mesure, on se croirait en vacances, on va directement à l’essentiel certainement la récompense d’années d’effort. Bien entendu ce qui m’anime le plus sont les projets comprenant des éléments décoratifs ou de projets basés sur la confiance et proposés en toute liberté d’expression.

La réalisation de la bijouterie Roelly à Sélestat en a été un exemple, Jean Louis Roelly m’a confié le remaniement de la façade en me disant simplement « Fais comme tu le sens, fais toi plaisir «, aucun devis n’a été établi, j’ai pu m’exprimer en toute liberté dégagé des contraintes matérielles.

 

 

J’ai vu que vous aviez réalisé une iconostase de style byzantin dans une église.
Comment se sent-on (croyant ou non) lorsque l’on doit intervenir dans un lieu tellement chargé d’histoire ?

On se sent humble, il y a dans l’ambiance du lieu quelque chose de très particulier, souvent indéfinissable mais on se sent imprégné par une atmosphère propice à la méditation, au respect et toujours ce lien avec le passé.
Après avoir achevé une pièce sur mon établi, je médite souvent en comparant la pierre finie et le tas de gravats constituant la matière que j’avais enlevé, et bien ce que j’ai enlevé est souvent égal voir plus important que la matière restante et si j’extrais un grain de quartz dans ces gravats je le compare à moi par rapport à l’ensemble, la pierre taillée et les chutes, on ne peut que devenir humble en voyant cela.
En règle géométrique la droite est constituée d’un ensemble de points côte à côte allant d’un infini vers un autre ( Euclide ), un seul point manque et la chaîne est rompue ce qui revient à dire que dans tous les règnes de la nature : animal dont l’espèce humaine fait partie, végétal et minéral tout est indissociable et utile à l’ensemble.

Malheureusement nous avons bouleversé tout cela, le monde ne pourra évoluer véritablement que lorsque l’on en aura pris conscience. Et oui en étant tailleur de pierre on devient philosophe.

Quel est le lieu le plus incroyable où vous avez travaillé ?
Incroyable dans quel sens ? Il y a eu beaucoup de situation incroyables tel sur un chantier où il manquait outils et matériaux et où on a dû se débrouiller avec ce qu’il y avait sur place, n’empêche qu’à la fin des travaux il n’y a pas eu beaucoup d’humilité mais plutôt une certaine fierté à avoir pu mener le chantier à bien ( mais bon, c’est humain )

Pour moi le lieu le plus incroyable se situe à Confolens, petite ville des Charentes où nous avions proposé, notre équipe d’un dizaine de compagnons tailleurs de pierre, d’offrir une fontaine pour la place du village en échange du gîte et du couvert, la ville se chargeant de l’achat de la pierre.
Nous avons travaillé un dizaine de jours en plein centre ville sous l’œil intéressé des habitants ( dans le même esprit que pour la fontaine de Sélestat ), prenions nos repas et étions logés dans un complexe qui organisait le festival international de danse, musique et chant.

On se serait cru dans un rêve, le matin au petit déjeuner les Touaregs vêtus de leur djellaba et turban d’un bleu impressionnant, leur fusil en bandoulière tiraient des coups de feu dans la cage d’escalier pour réveiller tout le monde, on se disait «  tiens voilà les Touaregs, ils ont l’air d’avoir faim « , ces mêmes Touaregs venaient souvent nous rendre visite sur notre chantier l’un portant une bouteille de butane sur l’épaule, l’autre la théière, un autre le thé, la menthe et le sucre pour nous offrir un thé à la menthe dont j’ai encore le souvenir en bouche aujourd’hui, tout ceci avec un service irréprochable.

Les Espagnols venaient avec leur guitare nous jouer leur flamenco endiablé, les Indiens nous apportant leurs petits plats végétariens parsemés d’épices subtiles, bref nous étions dans un monde à part où plutôt dans le Monde, c’est la première fois où je me suis senti universel et non pas appartenir à un pays. Bien sûr nous avons assisté à tous les spectacles et notre fontaine que nous avons baptisée Fontaine de la Paix comporte la gravure du mot Paix dans toutes les langues.

Il me reste surtout la beauté, la finesse et la grâce des Chinoises dans leurs robes de soie.

Y-a-t-il des sculptures que vous avez faites que l’on peut voir dans la Vallée de Villé ?

Les vallées étant moins riches que les villes, je n’ai réalisé que peu de sculptures, du moins étant visibles de l’extérieur, il y a néanmoins une croix d’inspiration celtique au cimetière de Neubois ainsi qu’un calvaire, inspiré du style local qui m’a été commandé par Bernard Jaegler à la mémoire de son épouse défunte et visible de l’extérieur chez lui à Triembach au val.

Sinon il s’agit pour la plupart d’éléments d’architecture dans toute la vallée ( participation à la réalisation de la fontaine accolée à la Mairie projet de Franck Kernel, enfant de la Vallée et ancien élève formé en partie en mon atelier de L’Arsenal à Sélestat, la borne de la Kelwe Platz à Triembach au val comprenant les armoiries des 3 Triembach et de nombreux éléments d’architecture pour des particuliers sans oublier les incontournables Pfister et Munschina ) car après mon Tour de France je me suis installé à Bernardvillé et me suis rapproché de Roger Jost, que j’avais rencontré lors de la 1
ère Fête des Artisans de Villé et qui pour moi est un architecte de grande valeur, d’avant-garde avec des idées remarquables. Nous avons œuvré dans toute la vallée en grande complicité tant lui voyait l’architecture comme je voyais la taille pierre, je lui dois beaucoup.

Je crois savoir que vous faites des animations et que vous proposez des stages de découverte. La transmission de savoir-faire et la découverte de votre métier semblent importantes pour vous ! Pouvez-vous nous dire quelques mots dessus ?

Du temps de nos grands-parents dans la vallée ainsi que dans toutes les campagnes, tout le monde savait tailler un morceau de bois, de pierre ou forger un morceau de fer sans pour autant être professionnel, il n’y avait d’autre utilité que d’améliorer les besoins de l’habitat par un côté pratique, toujours est-il que ces réalisations d’art paysan local exécutés avec souvent une décoration primaire mais néanmoins artistique sont beaux car ils ont vécu. Je pense que le travail manuel de la matière devrait prendre plus d’importance dans le système éducatif, il s’agit d’un équilibre à retrouver.

Depuis l’apparition du premier homme sur la terre les deux étaient nécessaires, il lui a fallu penser, réfléchir pour découvrir où il était, quel était son univers, il a découvert le temps, l’espace et parallèlement à ses réflexions il lui a fallu subvenir aux besoins matériels nécessaires à sa survie, se façonner des armes pour chasser et se nourrir, tanner des peaux pour se vêtir, etc… Autrefois on devenait tailleur de pierre car on ne savait ni lire ni écrire et encore moins les moyens de se payer des études.
Aujourd’hui les jeunes qui viennent au métier ont des Bacs, des Brevets professionnels, des Doctorats et ils s’aperçoivent qu’il manque quelque chose, en effet le véritable savoir se trouve dans la théorie alliée à la pratique, il s’agit bien d’un équilibre.
Quelqu’un a dit un jour « la main est le reflet de l’âme ». Je l’ai constaté à maintes reprises chaque individu a son expression propre, unique, c’est ce qui m’a emmené à organiser des stages de découverte. De plus j’ai remarqué après avoir encadré un stage avec des soi-disant « cas sociaux », qu’ils avaient simplement un blocage souvent dû à un manque d’éducation ou même inexistante mais la plupart des réalisations étaient d’une émouvante sensibilité et en fin de journée j’ai réussi à arracher un sourire de la part de la majorité des participants. Je suis persuadé de la réussite d’une telle thérapie à 99 %, j’en ai parlé aux rééducateurs, réponse : nous manquons de moyens financiers……….. Je suis prêt à continuer bénévolement s’il le faut.

Voici les raisons pour lesquelles j’investis une part de mon temps, je donne un peu de mes connaissances et en échange mon salaire est un émouvant contact humain

 


Olivier nous vous remercions pour vos réponses et pour le partage de votre passion,
Nous aurons plaisir à regarder toutes les œuvres que vous avez réalisez en nous promenant dans Sélestat.

Bonne continuation !

Curieuse et passionné de nature, de chevaux et de balades, je serai ravie de vous faire découvrir les trésors de la vallée de Villé !

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