La première crèche vivante apparaît au XIIIe siècle, inspirée par des textes relatant l’enfance de Jésus. Saint François d’Assise, de retour de Bethléem, décide de reproduire la scène de la Nativité grandeur nature pour transmettre ce récit aux habitants. La nuit de Noël 1223, la crèche prend vie sur le parvis de l’église de Greccio : les villageois se déguisent en Joseph, Marie, les Rois mages et les bergers.
La tradition se répand rapidement en Italie et en Provence, grâce aux disciples de Saint François d’Assise. Au XVIe siècle, les crèches s’installent à l’intérieur des églises d’Europe de l’Est, notamment à Prague. Peu à peu, la coutume gagne toute l’Europe.
Au XIXe siècle, la crèche provençale fait son apparition à Marseille. Sa particularité réside dans les santons, petites figurines représentant des scènes de la vie locale et les métiers traditionnels. Pendant la Révolution française, en 1793, les représentations publiques étant interdites, la tradition des crèches domestiques voit le jour. On commence à installer des crèches à l’intérieur des maisons, avec les premiers santons façonnés dans de la mie de pain, puis dans la célèbre argile rouge de Provence.
Quand et comment mettre en place la crèche de Noël ?
La crèche de Noël s’installe généralement le premier dimanche de l’Avent ou le jour de la Saint-Nicolas. Elle comprend Marie et Joseph en prière devant une mangeoire, entourés de l’âne, du bœuf et d’un ange. La nuit de Noël, à minuit, on place l’enfant Jésus dans la mangeoire. Les Rois mages : Melchior offrant l’or, Gaspard l’encens et Balthazar la myrrhe ainsi que les bergers se dirigent vers la crèche, guidés par l’étoile de Bethléem.
La crèche reste en place jusqu’au 2 février, jour de la Présentation de Jésus au Temple, bien que certaines familles la retirent après l’Épiphanie, le 6 janvier, célébrant la visite des Rois mages.
Les crèches régionales et leur diversité
Selon les régions, les crèches reflètent les traditions locales : elles peuvent être fabriquées en cire, terre cuite, porcelaine ou plâtre. Pour certaines familles, placer une crèche sous le sapin est une tradition incontournable, perpétuée d’année en année, pour symboliser la naissance de Jésus entouré de Marie, Joseph et les Rois mages.
Les différentes crèches
Bien que de nombreuses crèches existent à travers le monde, j’ai choisi ici de présenter celles qui me plaisent le plus et que je trouve particulièrement originales.
La crèche Napolitaine
La crèche napolitaine, ou O’Presebbio, n’est pas une reconstitution fidèle de la naissance de Jésus. Elle représente la ville de Naples au XVIIIe siècle, avec un décor citadin, des montagnes et des personnages en habits d’époque. Elle mêle spiritualité et réalisme, mettant en scène des personnages souvent pauvres ou déformés, incarnant chacun un symbole précis : La tsigane : elle prédit l’avenir et symbolise la Passion du Christ, Zi’Vicienzo et Zi’Pascale : ils représentent le carnaval et la mort, Benino : le berger qui rêve la crèche, Le pêcheur : il pêche les âmes, Cicci Bacco : figure païenne dérivée du dieu du vin et de l’ébriété. Ces personnages et bien d’autres enrichissent cette crèche unique en son genre.
La crèche au Pérou
Les crèches péruviennes se distinguent par leurs couleurs vives. Ici, un lama remplace le bœuf et un mouton prend la place de l’âne pour réchauffer l’Enfant Jésus. Les personnages sont vêtus de costumes traditionnels colorés. La crèche est souvent plus importante que le sapin. Dans les crèches amazoniennes, les santons sont parfois peu vêtus, et l’Enfant Jésus est entouré de félins.
La crèche Africaine
En Afrique, les crèches sont souvent fabriquées à partir de matériaux locaux : figurines en glaise, ébène ou bronze. Jésus est parfois sculpté en ivoire. Les animaux traditionnels, comme le bœuf et l’âne, sont remplacés par les animaux de la savane, offrant une version authentique et locale de la Nativité.
La crèche en Asie
Les crèches en Asie ont été introduites par les missionnaires. Les matériaux utilisés varient selon les régions, mais elles sont souvent fabriquées en bois de bambou. Les personnages aux traits orientaux donnent à ces crèches une esthétique unique.
La crèche au Mexique
Introduite au XVIe siècle par les Espagnols, la crèche mexicaine se démarque par ses éléments culturels locaux : cactus, cocotiers et santons mangeant des tortillas. On y retrouve parfois Adam et Ève, ainsi que le diable, représentant le bien et le mal.
La crèche Russe
La crèche russe, ou Vertep (qui signifie « grotte » en vieux slave), est une maisonnette à deux étages. Au rez-de-chaussée, on trouve la Sainte-Famille, tandis qu’à l’étage supérieur sont représentées des scènes satiriques ou des légendes liées aux héros nationaux.
Les crèches de la Vallée de Villé : un voyage unique au cœur de la tradition
Découvrez le sentier des crèches, un parcours enchanteur à travers les églises de la région.
Église Saint-Martin à Saint-Martin
Ici, une fresque scénique impressionnante de 3,50 m sur 2,80 m illustre des moments clés de la vie du Christ : la fuite en Égypte, les noces de Cana ou encore le Golgotha. Les personnages de cette crèche, plus que centenaires, proviennent d’une donation de Marie-Anne Naegel (décédée en 1871) et ont été magnifiquement restaurés par une habitante, Mme Hulné.
Église Saint-Nicolas à Neuve Eglise
Dans cette église soigneusement restaurée, la crèche acquise en 1954 est un hymne à la nature. Réalisée avec des matériaux issus des forêts locales: sapins, mousses, pierres concassées, elle met en scène 11 personnages dans une étable en bois subtilement éclairée. Chaque année, elle évolue grâce au travail passionné des « artisans de l’éphémère ».
Église Saint-Antoine à Maisonsgoutte
Depuis 1963, la crèche de Saint-Antoine a remplacé l’ancienne en plâtre par des sculptures en bois réalisées par le sculpteur local Bernard Ledermann. La crèche est animée par la Sainte Famille, l’ange annonciateur, des bergers et des moutons, le tout dans un décor somptueux. L’ancienne crèche est conservée sous le clocher et illuminée pour être admirée depuis l’extérieur.
Église Saint-Gall à Breitenbach
Datant des années 1930, la crèche de Saint-Gall repose sur un décor palestinien créé une vingtaine d’années plus tard. Restaurées en 2018, les statues : Sainte Famille, bergers, rois mages et même un dromadaire, sont mises en valeur par les sapins et la végétation locale. Le tout est embelli par les mains expertes des « dames-fleurs » et du sacristain de la paroisse.