L’Association des arboriculteurs

Quoi de plus important sur notre planète que les arbres ?
Ils sont en quelque sorte nos poumons, notre oxygène car c’est grâce à eux que nous respirons. Un tiers de la surface des terres émergées est recouvert de forêts, mais la forêt mondiale recule d’année en année.
Autrefois la forêt couvrait 50 % de la surface du globe. Aujourd’hui, elle n’en couvre plus que 30 % !
Il y avait autrefois dans nos vallées beaucoup plus de vergers afin de répondre à la consommation des foyers, mais aussi pour la production des eaux-de-vie, confitures et beaucoup d’autres spécialités en fonction des régions.
Dans la vallée de Villé, un groupe de passionnés a décidé de faire renaître ces vergers, de les entretenir et de partager cette passion pour l’arboriculture. Ils s’appellent aujourd’hui « Les Arboriculteurs et Bouilleurs de Cru de la Vallée de Villé » (ABCVV).
L’association a vu le jour le 23 janvier 1955 et s’appelait alors « Le syndicat des producteurs de fruits du canton de Villé ». Son premier président était M. Albert Rombourg, qui occupa ce poste entre 1955 et 1959.
Aujourd’hui et depuis 2008, c’est M. Jean-Claude Naas qui préside l’association.
Nous avons eu envie de vous faire découvrir cette association, découvrir leur passion, la comprendre et espérons-le, vous donner envie de venir participer, dès que la situation sanitaire le permettra, à une initiation à la taille.
C’est à M. Jean-Claude Naas que nous avons posé nos questions.

« J’ai l’habitude de dire que si on ne peut pas rajeunir un être humain, on peut rajeunir un vieux pommier sans problème ! »

– Bonjour Monsieur Naas, pouvez-vous vous présenter en quelques mots à nos lecteurs ?
Prothésiste dentaire de métier et désormais à la retraite, j’ai toujours aimé travailler la terre. Amoureux de la nature, j’ai à cœur de la respecter en évitant tous les produits chimiques.

– Etes-vous originaire de la vallée de Villé ?
Non, c’est mon épouse qui m’a permis de la découvrir il y a 43 ans. Je suis tout de suite tombé sous le charme de cette vallée.

– Vous êtes le président de l’association « Les Arboriculteurs et Bouilleurs de Cru de la Vallée de Villé ». Pouvez-vous nous expliquer ce qu’est l’arboriculture ?
L’arboriculture fruitière est une branche de l’arboriculture spécialisée dans la culture des arbres fruitiers afin d’en récolter les fruits. Nous les plantons, nous les entretenons pour qu’ils donnent de belles récoltes. Et nous aimons défendre, parfois sauver, les variétés locales anciennes, qui sont les mieux adaptées au climat de la vallée.

– D’où vous vient cette passion pour les arbres ?
C’est une histoire de famille. J’ai eu dès mon enfance la passion des arbres fruitiers. Toute ma famille en possédait : mon père, ma grand-mère et mes deux oncles.

– Si vous deviez en choisir un seul, quel serait votre arbre préféré, et surtout, pourquoi ?
Mon arbre préféré est un pommier. C’est le Gravenstein, qui donne une pomme ancienne pleine de goût. C’est une pomme précoce que l’on croque en août. Jusqu’à la fin septembre, elle est délicieuse sur les tartes ou en compote.

– Pouvez-vous nous décrire à quoi ressemblait le paysage de notre vallée quand les vergers étaient à leur apogée ?
Autour des villages, il y avait une multitude de vergers. C’était une ressource alimentaire précieuse, rien ne se perdait. Les gens les cultivaient pour leur consommation familiale, et le reste des fruits était séché pour l’hiver ou mis en tonneau pour la distillation.

– Comment s’explique la diminution si significative de ces vergers ?
D’après moi, les gens sont obligés de s’éloigner pour leur travail. Ils ont de moins en moins de temps pour s’occuper de leur verger, car c’est quand même un peu de travail. La deuxième cause, c’est les supermarchés, où il est facile de se procurer des fruits en toute saison, même exotiques. On prend l’habitude de les acheter là, au fur et à mesure des besoins.

– Pouvez-vous nous parler un peu de l’association, son but, le nombre de membres, ses actions et les envies futures ?
L’association est d’abord un cadre convivial où nos 160 membres peuvent trouver des réponses aux questions sur la vie du verger : faune, flore, maladies, variétés locales, méthodes de plantation…
Tout est expliqué par le biais de conférences, de cours de taille, de greffe ou de distillation, et d’expositions fruitières… Nous essayons de donner une impulsion à la plantation de vieilles variétés locales de fruits.
Notre projet du moment est la création d’un atelier de séchage, qui devrait être opérationnel à la fin de l’été. Il fonctionnera de la même façon que l’atelier de jus de fruits Juval (auquel nous participons également), qui est juste à côté : les gens pourront venir pour faire sécher des fruits, des champignons, des légumes, des herbes aromatiques… Des ateliers de démonstration auront lieu pour expliquer le fonctionnement.

Aujourd’hui, l’association s’occupe d’un verger de 94 ares sur lequel poussent environ 80 cerisiers et une trentaine d’autres arbres : pommiers, pruniers, mirabelliers…
Le verger de l’association est surtout un verger conservatoire de cerises à kirsch.

– Où est votre verger ?
Il est situé à la sortie de Triembach-au-Val, en direction de Hohwarth, au lieu-dit Rukkigi.

– Comment gérez-vous ce verger, qui s’en occupe et qui choisit les arbres qui y sont plantés ?
Le verger est géré par l’association, son comité et ses membres. Au départ, il n’y avait que des cerisiers, dont certains ont dépéri. On les a remplacés par des pommiers, des poiriers et des pruniers, tout cela pour la biodiversité. Un samedi matin par mois, une équipe de bénévoles se réunit pour les travaux d’entretien.

– Je crois que vous êtes dans un esprit de culture raisonnée et bio. Est-ce qu’il est plus difficile de cultiver un verger en bio, et quelles sont les différences avec une culture conventionnelle ?
En bio, on conduit les arbres fruitiers dans le respect de la nature. Pour cela, il faut observer la nature, installer des nichoirs pour les oiseaux, des abris pour les insectes, tout cela pour éviter les traitements chimiques. Il faut de la patience, et laisser agir les auxiliaires pour lutter contre les ravageurs. Les mésanges mangent des quantités de chenilles, les coccinelles s’attaquent aux pucerons.

– Quels sont les méthodes de traitement que vous utilisez ? Y-a-t-il un secret que vous pourriez révéler à nos lecteurs pour les aider un peu au jardin ?
Je soigne mes arbres, souvent de façon préventive, avec des plantes : macérations, purins, décoctions et infusions. J’utilise l’ortie, qui soigne et stimule les plantes, la consoude, et d’autres. Je construis des abris pour les auxiliaires : les oiseaux, les coccinelles et autres insectes.

– Vous menez des actions de sensibilisation à la découverte de l’arboriculture à travers plusieurs ateliers, comme la découverte de la taille ou de la greffe. Pouvez-vous nous expliquer ce que sont ces méthodes ?
Tout au long de l’année, nous organisons des conférences autour de la vie du verger, des cours de distillation, et bien sûr des cours de taille et de greffe. Ces ateliers se passent sur le terrain, parfois dans notre verger associatif. Ils sont animés par des moniteurs formés et compétents. L’association dispose d’un moniteur fédéral de formation à la distillation et d’un moniteur fédéral en arboriculture. Toutes ces réunions sont ouvertes au public, même à ceux qui ne sont pas membres de l’association.
On taille pour éliminer le vieux bois et éclaircir le cœur de l’arbre pour éviter que l’humidité stagne. Celle-ci propage les maladies cryptogamiques telles que le mildiou, l’oïdium, la tavelure, la moniliose… On greffe pour multiplier les variétés de fruitiers et préserver les anciennes variétés locales.

– En 1989, l’association a signé une convention qui faisait de son verger de Triembach-au-Val, un verger « pilote » et « conservatoire ». Cette convention devait durer 30 ans. Est-elle encore d’actualité ?
La convention avait été signée en 1989 entre l’Association du Pays d’accueil de Villé et ses Vallées, la commune de Villé, l’Office du Tourisme et le Verger expérimental d’Alsace (VEREXAL) pour 30 ans. Elle a été remplacée par une nouvelle convention signée avec la commune de Triembach-au-Val pour une location gratuite de la parcelle. Ce verger est reconnu comme verger conservatoire de cerises à kirsch par la Confédération des producteurs de fruits d’Alsace.

– Votre association regroupe arboriculteurs et bouilleurs de cru. Qu’en est-il de la partie distillation ?
Il y a trois ans, nous avons acheté un ancien alambic que nous avons transformé en alambic ambulant. Cet alambic sert régulièrement pour les cours de distillation, et il est à la disposition de tous nos membres.

– Les réglementations en vigueur aujourd’hui ne permettent plus aux particuliers de distiller à la maison. Est-ce que la solution pour ceux qui désirent distiller leurs propres fruits est de venir vous rencontrer ?
Chaque membre de l’association peut distiller ses propres fruits, en déclarant aux douanes la variété et la quantité de fruits à distiller, ainsi que la parcelle sur laquelle ils ont été cueillis. En Alsace-Lorraine, les cinq premiers litres d’alcool pur sont gratuits, le reste est à payer selon le tarif en vigueur.



– Peut-on goûter vos fruits ou vos eaux-de-vie ?
On peut goûter nos fruits locaux et nos jus au cours des expositions fruitières et de toutes les manifestations auxquelles nous participons (Marché du terroir, Noël dans la Vallée, Bourse aux greffons, Printemps de Bassemberg, etc.). Malheureusement, ce n’est pas possible pour les eaux-de-vie.

– Comment faire pour vous rencontrer et découvrir les secrets de l’arboriculture ?
Vous pouvez nous rencontrer lors des manifestations citées ci-dessus, ainsi que sur notre site internet http://www.arboriculteurs-valleedeville.fr. Je fais moi-même très souvent découvrir le verger de l’association à ceux qui sont intéressés, ainsi que tous les aspects de l’arboriculture.

– Monsieur Naas, avez-vous une citation sur les arbres qui vous tient à cœur et que vous accepteriez de partager avec nous ?
J’ai l’habitude de dire que si on ne peut pas rajeunir un être humain, on peut rajeunir un vieux pommier sans problème !

Nous vous remercions énormément pour le temps que vous nous avez consacré et nous vous souhaitons à vous et aux membres de l’association, une très bonne continuation.

Curieuse et passionné de nature, de chevaux et de balades, je serai ravie de vous faire découvrir les trésors de la vallée de Villé !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

TOP

Les magazines de l’Office de Tourisme de la Vallée de Villé

Inscrivez vous à notre Newsletter

pour recevoir nos derniers bon plans dans la Vallée de Villé