Le Domaine Moritz-Prado

Nous continuons notre série d’articles « viens je t’emmène » et vous emmenons à la rencontre d’Angela et Ghislain, viticulteurs amoureux et à la tête d’un tout nouveau domaine, la Maison Moritz Prado.
Angela Prado et Ghislain Moritz sont à la vigne ce que Serge Gainsbourg et Jane Birkin sont à la chanson, ce que Victoria et David Beckham sont au football, ce que Michelle et Barak Obama sont à la présidence, ce que Pierre et Marie Curie sont à la médecine…bref… ils s’aiment et travaillent ensemble pour proposer ce qu’il y a de meilleur.

Ce jeune couple s’est lancé il y a deux ans maintenant dans une aventure très ambitieuse puisqu’ils ont fondé un domaine viticole.
En partant de zéro, l’aventure était osée mais semble fonctionner …et même plutôt bien.
Partons ensemble à la rencontre du plus cosmopolite des couples de viticulteurs de notre vallée et posons leurs quelques questions pour tout connaitre de leur projet, de leur vision du vin et de leurs résultats.
 

« C’est une énorme chance de faire ce que l’on aime. Même si c’est loin d’être facile, c’est un choix de vie. »

Bonjour Angela, bonjour Ghislain !

Pouvez-vous vous présenter tour à tour et nous raconter un peu vos histoires et vos parcours professionnels.
Je sais que le parcours de Ghislain est assez varié en termes d’expériences dans des pays étrangers mais je n’ai pas beaucoup d’informations sur le parcours d’Angela mise à part que vous étiez aux côtés de Ghislain en Roumanie.
Est-ce que vous pouvez nous parler de vous ?

Oui, bien sûr, et merci de votre intérêt pour notre projet.

Moi, (Ghislain) je suis Alsacien, mais pas du côté viticole, je viens de Reichshoffen. Je ne suis pas issu d’une famille de vignerons, mais après des voyages en Australie et Nouvelle Zélande, ou je suis tombé amoureux de l’agriculture, je suis rentré en France pour poursuivre des études en viticulture et œnologie en Bourgogne. Après 5 ans d’expérience là-bas, je cherchais encore à découvrir ma propre voie.

En 2009 je suis parti au Portugal, pour faire les vendanges et pour explorer d’autres terroirs.

Pendant ce temps-là, j’ai la chance de trouver une opportunité extraordinaire ; devenir le maître de chais d’un nouveau domaine en Roumanie à mes 25 ans. Sans y réfléchir 2 fois je suis parti habiter dans le piedmont des Carpathes pour faire mes premiers vins.
 

Moi, je suis Angela, je viens de Bogota, Colombie. J’ai quitté la Colombie pour poursuivre mes études de Finances à Rennes en 2008, après 2 ans à Paris dans le monde corporatiste, j’ai rencontré Ghislain, mais il avait déjà comme projet la Roumanie. Je suis tombée amoureuse de lui, et j’ai préféré partir au fin fond de la Roumanie, que de rester à Paris, la ville de l’amour sans mon amoureux.

Les propriétaires du domaine viticole roumain ont décidé de m’embaucher, pour m’occuper du développement commercial, marketing, de l’export et aussi de l’œnotourisme. Entre temps, j’ai complété mes compétences avec un Master à l’École de Commerce de Dijon en Commerce International de Vin et Spiritueux.

Cette opportunité était incroyable, car ça nous a permis d’apprendre le métier (en tout cas pour moi, Angela) mais aussi d’apprendre a travailler ensemble et de nous projeter sur ce que l’on voulait faire, une fois que l’on aura notre propre domaine.

En 2017, nous avons décidé de rentrer en France, en Alsace pour créer et travailler dans notre propre aventure, la Maison Moritz Prado.

Vous voilà propriétaires d’un vignoble sur le village d’Albé.
Aucun de vous deux n’est issus d’une famille de viticulteur. Vous êtes la première génération à donner vos noms à un domaine viticole.
Comment vous est venu le goût de ce métier et pourquoi avoir choisi de fonder votre propre domaine ?
Le vin ce n’est pas un produit comme un autre. Il tourne autour de l’agriculture, mais ça va haut de là de ça. C’est un style de vie, c’est le goût pour la nature, c’est le travail difficile, ça tourne autour de l’art de vivre.
C’est une énorme chance de faire ce que l’on aime. Même si c’est loin d’être facile, c’est un choix de vie.
Faire nos propres vins, c’était la seule option pour nous.

Quelles sont les principales difficultés que vous avez rencontrées lors de la création du domaine Moritz-Prado ?
 Le fait de faire une création absolue de notre domaine, trouver des vignes, un lieu d’exploitation, du matériel, nous a amenés à faire face à de nombreux défis financiers. Convaincre les banques n’est pas toujours facile, surtout de nos jours… Mais grâce à un projet bien ficelé, avec notre expérience et savoir-faire, nous avons réussi a les convaincre !

Vous avez donc acheté 3 ha de vignes et en avez 2 autres en location.
Comment s’est passé l’achat de ces parcelles, était-ce l’opportunité qui a fait que, ou vous vouliez absolument avoir un vignoble sur Albé et pour quelles raisons ?

Nous voulions rentrer en Alsace ; ça c’était notre seul impératif. Après avoir eu d’autres pistes de reprises de domaine, qui nous ont échapper, nous avons rencontré Gilbert Beck du Domaine de Rempart qui exploitait ces 5 ha sur le seul vignoble de montagne en Alsace. Lui était séduit par notre enthousiasme et parcourt et je crois que c’est pour cela qu’il a donné priorité a notre projet, pour que l’ensemble de ses vignes restent sur le même domaine, au lieu de les vendre en morceaux.

Et après nous sommes tombés amoureux d’Albé, c’est un vignoble confidentiel. Être dans un vignoble de montagne a ses avantages et ses inconvénients, mais on souhaite se concentrer sur ses atouts et les exploiter. Sa fraîcheur, son terroir, rare de schiste, son potentiel avec ces Pinot Noir, ses paysages sauvages. C’est cet ensemble qui nous a fait tomber amoureux de notre vignoble.

Vous êtes un domaine viti-vinicole, comment vous répartissez-vous les taches ?
est-ce que vous travaillez tous les deux ensembles ou est-ce que vous avez chacun un domaine attitré ?
Angela, quel est votre rôle au sein du domaine ?
Et vous Ghislain, quelles sont les tâches qui vous incombent ?

Dans le monde viti-vinicole actuel on doit être polyvalent pour réussir. On le croit profondément.

Dans les vignes, nous sommes à deux sur les taches qui ne concerne pas le tracteur, taille, tirage de bois, arquer, palissage, etc. C’est Ghislain le chef du tracteur ????.

Dans la cave, nous avons chacun notre mot à dire, et comme nous sommes en synchronisation avec nos goûts, c’est facile ! Mais ça reste Ghislain le Maître de chai officiel.

Dans la partie administrative, je suis plutôt en autonomie (Angela).

Nous aimons partager notre vin, donc la partie commerciale nous appartient à tous les deux, même si c’est plutôt moi (Angela) qui prends plus de plaisir à me promener à Paris et dans des autres villes Française pour présenter et vendre nos vins
 

Cette année, les vendanges ont commencées en Alsace avec 10 jours d’avance sur celles de 2019. Est-ce que sur le Domaine Moritz-Prado les raisins étaient aussi en avance et avez-vous commencez à vendanger aussi tôt ?

Nous vendangeons quand les raisins sont murs. C’est-à-dire que nous décidons quand les raisins vont être récoltés pour nos vins et ne subissons pas de pression extérieure. Nous ne sommes pas apporteurs de raisins.

Nous avons commencé pour nos crémants le 12 Septembre. Même si l’Alsace a commencé tôt, le fait d’être en montagne, nous disposons d’une dizaine de jours d’écart entre la plaine et nous.

Nous n’avons pas trop de recule, mais depuis que nous vendangeons nos vignes (2018) les dates varient d’une dizaine de jours, autour de mi-septembre.

Que chercher vous à faire passer comme sensations de dégustation dans vos vins ?
Que travaillez-vous et quel est le résultat que vous recherchez ?

Boire du vin c’est un moment de partage, de bien vivre.

La palette gustative est très personnelle, chacun d’entre nous avons un répertoire de goûts et saveurs inhérents à nos enfances et à nos souvenirs. Pour moi, Angela un coing est exotique, pendant que le fruit de la passion ou la mangue, sont des fruits avec lesquels j’ai grandi.

Nous cherchons à partager le plaisir de nos vins bien faits. Les sensations sont très personnelles. Mais on souhaite quand même que chaque personne retrouve notre savoir-faire et l’attention aux détails. L’imprégnation du terroir est très important pour nous.

Vos vins sont bios !
Pourquoi le choix de l’agriculture bio et de manière plus générale, comment travaillez-vous vos sols et vos vignes ?
Nous sommes en deuxième année de reconversion, donc nous n’avons pas encore le label, il viendra.

Pour nous le travail de la vigne doit être fait avec du respect ; pas seulement pour nos pieds de vigne, mais aussi pour l’environnement, pour la biodiversité, et bien évidemment vers nous-mêmes.

Pour nous il n’y avait pas d’autre option que de travailler nos vignes en bio, et même au-delà de ça, cette année nous avons aussi démarré l’agriculture biodynamique.

Nous sommes les premiers concernés et les premiers en contact avec les produits que nous mettons dans nos vignes, nous nous promenons avec nos enfants sur place. Ça veut tout dire pour nous, et l’agriculture bio et biodynamique est incontournable.

Nous allons plus loin aussi, en implantant des couverts végétaux entre nos rands de vigne. C’est un assortiment de semences que nous plantons après les vendanges, pour donner plus de structure au sol, ces semences vont favoriser la vie et la biodiversité. Nous faisons aussi cette démarche pour maximiser le stockage de carbone, grâce à cette biomasse : chacun doit faire un effort pour limiter le réchauffement climatique !

Est-il question de vin nature entre vous ou de vin sans sulfite ?
Nous souhaitons être un vecteur de nos vignes, de notre terroir, de nos vins. Le vin est fait à 80% dans les vignes, sinon plus. Une fois en cave, on va simplement aider ; avec l’hygiène et avec des pratiques œnologiques respectueuse, et sans intrants chimiques, afin que nos raisins devenir de superbes vins.

Chez nous, il n’y a pas de levure exogène, ça veut dire que la fermentation va se faire de façon spontanée avec des levures indigènes de la cave et de la vigne.

Les sulfites sont des protecteurs, et si bien que pour certains de nos vins nous ajoutons un peu à la mise en bouteilles, nous avons une gamme de vins qui s’appelle Nous Sommes (un vin) Libres, dont il n’y a pas d’ajout de sulfites à aucun moment, pas de filtration.

Pour nous c’est une question d’équilibre.

Dernière petite question !
Si vous ne deviez garder qu’un seul de vos vins, lequel serait-ce et pourquoi ?
Impossible ! c’est comme choisir un de nos fils…

Mais si le faut, moi (Angela) j’irais pour notre Nous Sommes Libres – Blanc, c’est un assemblage de nos plus vielle vignes (plantées en 1960) de Riesling et Sylvaner, ce vin a eu un élevage en 100% amphore, avec une macération pelliculaire pour le Sylvaner. Un vrai régal et un vin qui évolue a chaque gorgée, il est vivant et vif, ce vin ne déçoit jamais.

Pour moi (Ghislain) notre Pinot Noir – Clos du Sonnenbach 2018, parce que nos Pinot Noir, sur notre beau terroir de schiste ont une vraie personnalité. 50% de ce vin a été élevé en fut de chêne Bourguignon, 10% en Amphore et 40% en Inox. C’est un assemblage qui nous donne un Pinot Noir, charnue, généreux et soyeux. Le futur de l’Alsace c’est le Pinot Noir !

 

Angela, Ghislain, nous vous remercions du temps que vous nous avez accordé.
Bon courage pour les vendanges et bonne continuation pour la suite de votre très beau projet.

Curieuse et passionné de nature, de chevaux et de balades, je serai ravie de vous faire découvrir les trésors de la vallée de Villé !

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