Les voyages ça vous gagne !
Les voyages ça vous gagne ok, mais quand ils se font à vélo et en compagnie de 3 enfants de moins de 6 ans, ces voyages se transforment quelques fois en aventure
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Les membres de l’équipe sont dans l’ordre décroissant :
Jérémie, 36 ans, super papa et pilote du tandem.
Mary, 29 ans, super maman et stoker du tandem.
Simon, 5 ans, super grand frère et curieux de la fratrie.
Margaux, 4 ans, super sœur du milieu et casse-cou de la fratrie.
Samuel, 3 ans, super petit frère et trublion de la fratrie.
Rendez-vous est pris, direction Breitenau pour rencontrer toute la famille et nous laisser conter les récits, de plus en plus nombreux, de ces aventures cyclo-familiales le long des pistes cyclables d’ici et d’ailleurs.
-Bonjour Mary, bonjour Jérémie, bonjour les enfants.
Est-ce que vous pouvez commencer par compléter la petite présentation que j’ai faite de la famille.
Qui est qui et qui fait quoi ?
Je crois que tout est dit plus haut :D.
-Elle était, elle est et elle sera, la voilà, la traditionnelle et non moins célèbre question :
« Etes-vous originaires de la vallée de Villé » ?
Jérémie est originaire de Breitenbach. Mary est originaire de Hindisheim (le plat, les champs de maïs… par là bas). Nous habitons la Vallée depuis 2015, nos 3 enfants sont 100% made in Vallée de Villé.
-Dans la vie vous ne faites pas que du vélo. Pouvez-vous nous parler de votre quotidien, à vous et aux enfants.
Un quotidien à 200 à l’heure, comme une descente du champ du feu en tandem, avec 3 enfants et des freins qui nous lâchent (c’est du vécu) !
Jérémie est directeur d’exploitation chez Girold Constructions Bois à Barr, Mary est assistante dans un cabinet vétérinaire rural sur Sélestat. A côté de ça nous avons le gîte qui ne désemplit pas (la Vallée est convoitée !) et les 3 enfants à l’école depuis septembre. Pas le temps de s’ennuyer.
-Qu’est-ce qui vous plait dans la vallée de Villé ?
Les paysages superbes, les habitants chaleureux, les évènements qui s’y déroulent tout au long de l’année, la diversité des commerces et des services de proximité, la chance de pouvoir consommer local dans beaucoup de domaines.
-Bon, entrons dans le vif du Sujet !
Comment et quand vous êtes-vous lancés dans le vélo ?
Par un grand hasard en 2015 : nous sommes allés au Trocathlon à Colmar pour chercher un vélo à Jérémie et là… coup de cœur sur un tandem en vente ! Petit essai sur le parking du Décat’ et hop, nous voilà partis avec.
-Cette passion de couple est devenue semble-t-il une passion de famille.
Vous avez commencé avec Simon et avez adapté le matériel au fur et à mesure ou vous avez commencé à pédaler en famille une fois les trois enfants nés ?
Les enfants s’étant enchainés rapidement, on a tout acheté d’un coup.
Nous avons fait notre premier voyage à vélo en 2016 à deux, j’étais enceinte de Simon. Deuxième voyage à vélo en 2017, enceinte de Margaux et le premier en vacances chez Papi et Mamie, trop petit pour l’emmener en pleine canicule. 2018, troisième grossesse, plus compliquée, pas de voyage à vélo. Et 2019 nous préparions notre union, pas de voyage à vélo, mais le plus beau cadeau de mariage : notre tandem à assistance électrique Moustache, son siège enfant et sa remorque deux places. Le début des aventures à trois !
-En parlant de matériel, je sais que vous êtes plutôt et même sacrément bien équipés.
Est-ce que vous pouvez nous parler un peu de vos/votre vélo(s) et des remorques ?
Nous avons choisi le top : un tandem à assistance électrique Moustache, made in Vosges. Deux batteries pour un max d’autonomie !
Pour les enfants nous avons une remorque Croozer kid for two, elle est grande, les enfants ont de la place et il y a encore un grand coffre pour les courses / les bagages.
Le troisième est sur un siège enfant sur porte bagage (Hamac Siesta), réglable en inclinaison, ils peuvent dormir dedans sans problème.
Et récemment nous avons acheté la remorque Weehoo double qui permet aux enfants de pédaler l’un derrière l’autre.
-Combien pèse l’ensemble ?
Le tandem pèse environ 30Kg, la remorque pèse environ 14Kg. A nous 5 on doit faire pas loin de 200kg. Je te laisse faire le calcul de l’ensemble ! Sur le plat, pas de soucis, mais dès que ça grimpe, on regrette la raclette de la veille !
-Est-ce que ce serait possible pour vous sans votre super tandem à assistance électrique.
Non, clairement pas. En tout cas pas avec les 3 enfants à l’arrière et pas avec du dénivelé.
Sur le plat ça peut se faire. Nous n’avions pas testé à l’époque.
-Mary, Jérémie, est-ce que vous pouvez nous parler de vos expériences de « balades » avec votre attelage ?
En dehors de nos voyages à vélo l’été, nous essayons de faire de jolis tours à vélo dans le secteur. Nous aimons bien faire des lieux « emblématiques » en Alsace, en partant de la maison si possible. Nous sommes ainsi montés au Champ du Feu, au Château du Haut-Koenigsbourg, à la Honel, à l’Ungersberg,.. et cet été nous sommes allés voir la cathédrale de Strasbourg en passant par le col de Steige puis en descendant toute la Vallée de la Bruche (superbe piste cyclable toute neuve tout du long, la Vallée de Villé devrait en prendre de la graine !) puis canal de la Bruche jusqu’à Strasbourg.
-J’ai entendu parler d’aller-retour en train pour déplacer les affaires et être moins chargé pour pédaler. Vous nous racontez ?
Pour notre premier voyage en famille nous avons décidé d’avoir la voiture à proximité avec les affaires du soir/de la nuit pour éviter d’être trop chargé en journée. Ainsi Jérémie se levait tôt le matin, rassemblait les affaires (vêtements, lit parapluie …), partait en voiture jusqu’à l’étape d’après et revenait en train jusqu’à nous (nous avions choisi des hôtels à côté de la gare exprès). Moi je levais les enfants, prenais le petit déjeuner avec eux, confectionnait un petit déjeuner pour Jérémie et préparait les sacoches pour la journée.
Le premier jour nous avons fait l’inverse, nous avions déposé la voiture à Metz puis pris le train avec le tandem, la remorque et les 3 enfants jusqu’à Thionville. Une chouette expérience pour tout le monde.
-Est-ce que vous avez déjà assez d’expériences pour nous raconter un bon et un mauvais souvenir ?
Un mauvais souvenir : en 2020, nous avons fait la dernière portion de l’EuroVélo Route 6 de Cosnes Cour sur Loire jusqu’à l’Océan. Nous avions cassé la chaîne dans la matinée, réparée de manière temporaire à l’aide d’autres cyclistes, nous avions réussi à aller jusqu’à un vélociste pour en mettre une neuve. Dans l’après-midi nous avions déposé nos bagages à notre hôtel à Guérande puis sommes descendus à vélo à l’Océan pour profiter de la plage. En voulant repartir, la chaîne (neuve de la journée) a cassé, les outils étaient à l’hôtel. Nous avons dû marcher 10km dans la nuit puis passé une bonne heure a essayé de bricoler quelque chose avec les outils du gardien de nuit de l’hôtel. Nous avions le train tôt le lendemain à la Baule, le stress de ne pas pouvoir aller le prendre et la fatigue d’une dure journée. Evidemment le lendemain, arrivés en gare, nous apprenons que le train est supprimé et pas de solution de repli. Quelle galère !
Tout le reste n’est que des bons souvenirs.
-Quels conseils donneriez-vous à des familles qui souhaiteraient se lancer dans ce genre d’aventure ?
Lancez-vous 😀 !
Ce n’est évidemment pas rose à tous les kilomètres (fatigue, météo difficile, problème mécanique ou physique, enfants qui râlent…), mais le voyage en vaut le coup.
-Est-ce qu’il faut être absolument un grand sportif ou c’est accessible à tous ?
Avec les vélos à assistance électrique je pense que c’est devenu accessible à tous. Grand sportif ou non, vous aurez quand même mal aux fesses après deux jours de voyage !
-Comment avez-vous préparé vos périples et est-ce que vous utilisez des applications pour vous orienter ?
Quelques recherches sur le net pour décider du parcours puis des cartes papiers chinées dans les offices de tourisme au fur et à mesure du voyage. Pour le logement, à deux nous prenions au jour le jour les hébergements (chambre d’hôtes, hôtel…), à 5 nous réservions la veille pour le lendemain afin d’être sûr d’avoir de quoi dormir.
-Qu’est-ce qui est le plus difficile au niveau de la logistique ?
Vélo ? Trouver le moyen de tout charger ? Gérer les enfants ? Gérer l’autonomie de la batterie ?
Gérer les enfants évidemment 😀 !
Blague à part, avec les petits il y a beaucoup plus de logistique : des couches à changer pour le petit dernier, les envies d’aller aux toilettes des deux grands, trouver des parcs de jeux pour les défouler, des glaces pour les rassasier, des repas plus ou moins équilibrés à préparer pour 5, un logement assez grand pour tout le monde pour se reposer, …
-Niveau budget, qu’est-ce que ça représente pour une famille de 5 personnes ?
Dans notre cas, nous avons choisi le confort de la nuit, nous avons dormi dans des hôtels. Ainsi ça reste un budget classique de vacances en famille. L’option camping nous parait encore un peu prématurée avec les petits, mais le budget serait moindre.
-Et dans la vallée ? Vous faites souvent des balades autour de chez nous !
Quelle est votre balade préférée ?
Ce qu’on préfère, c’est de ne jamais faire la même balade. Donc pas de balade préférée, les paysages sont tous merveilleux dans la Vallée !
On prépare actuellement un tour de la Vallée en tandem en famille. Pas évident de réussir à passer par tous les villages sans passer deux fois au même endroit.
-Si vous ne deviez choisir qu’un seul endroit chez nous, ce serait où ?
Le Chena.
Nous parlions il y a quelque temps d’une famille Lyonnaise qui part à travers l’Europe et le monde pour voyager en pédalant. Est-ce qu’un grand voyage comme ça est en projet chez vous ?
Non pas spécialement. Il faut du temps, plusieurs semaines de disponibilité pour ce type de voyage. Nous n’avons pas ça.
Je pense qu’il y a déjà beaucoup à voir en France avant de découvrir le reste du monde.
-Du coup votre rêve ultime dans le voyage à vélo et tous les 5 ce serait quoi ?
Que les enfants pédalent ! Et que les pistes cyclables fleurissent partout en France.
-Mary, est-ce que Jérémie est un bon pilote ?
S’il ne l’est pas, je lui pince les fesses ! Il est parfois un peu étourdi et ne voit pas les panneaux de direction, mais il a les réflexes d’un pilote de ligne : il ne dira jamais à son équipage quand les moteurs (=batteries) vont lâcher.
-Jérémie, est-ce que Mary est une bonne « Stokeuse » ?
Mary est une bonne touriste, elle profite des paysages latéraux, prend des photos, suit l’itinéraire sur la carte… Après si elle pédale, rien n’est moins sûr.
-Le tandem est un très bon exercice pour souder un couple et l’aider à se parler… mais ça peut aussi tourner à la prise de bec !
Avez-vous une anecdote à ce sujet à nous confier ?
Pas d’engueulades jusqu’à présent, mais de longs moments de silence, notamment quand on en peut plus, l’un et l’autre, en fin de journée, quand on a mal aux fesses, quand on a le vent de face et que l’on n’avance pas, quand on pensait faire 100 kilomètres dans la journée mais qu’il en reste encore 20 avant d’atteindre notre lieu pour dormir.
-Vous repartez quand ?
L’été prochain avec les deux plus grands qui pédalent ! Reste à trouver un itinéraire plat et adapté aux enfants. Entre temps nous continuerons à explorer les chemins / pistes de la Vallée et de l’Alsace.
Merci à tous les 5 de nous avoir confié vos secrets de voyages et de nous avoir offert de temps d’échange.