1) Qui êtes-vous ?
Caroline SUSS, je suis Chargée de mission à l’OLCA (Office pour la langue et les cultures d’Alsace et de Moselle) depuis 2013.

2) Pouvez-vous nous présenter en quelques mots l’OLCA ?
L’Office pour la Langue et les Cultures d’Alsace et de Moselle (OLCA) a pour objectif de valoriser et de faire vivre l’alsacien et le platt partout où la langue est présente : vie de famille, travail, loisirs, culture… Il s’adresse au grand public, aux entreprises, aux municipalités… et intervient également dans le cadre de manifestations et d’événements de grande envergure.
Dans l’ambition de dynamiser la pratique et la visibilité de la langue régionale en Alsace et en Moselle, l’OLCA mène de nombreuses actions que vous pourrez découvrir sur son site internet www.olcalsace.org ; une mine d’informations à utiliser sans modération par les amoureux de la langue et de la culture régionales ou par ceux qui souhaitent les découvrir.
 

3) Quelles sont vos missions ?
L’objectif de l’OLCA étant de mettre en place différentes stratégies afin de revitaliser la pratique de l’alsacien, nos missions peuvent sembler variées mais sont toutes sous-tendues par un même fil rouge.
Une partie importante de mes missions consiste à créer des supports et des outils en alsacien. Ces outils ludiques (jeux, animations, cahiers de loisirs, tutoriels…) peuvent être utilisées par toutes les personnes (bénévoles ou professionnelles) qui initient des enfants à l’alsacien en dehors du cadre scolaire. Ces outils peuvent également être utilisés par les parents qui transmettent l’alsacien à leurs enfants.
Il s’agit vraiment de mettre à disposition de tous toutes les ressources nécessaires à la transmission de l’alsacien.
Parallèlement à cela, j’anime des formations pour toutes les personnes pouvant/devant utiliser ces outils. Il s’agit dans ce cadre de présenter ce qu’est l’alsacien et comment il est utilisé de nos jours, de définir clairement le rôle de celui qui va transmettre la langue (nous ne sommes pas dans un contexte d’apprentissage) et de présenter toutes les ressources disponibles.
Mais ces deux actions ne peuvent exister par elles-mêmes. Elles n’ont de sens que dans une stratégie plus large qui s’inscrit dans une logique de territoire. C’est là aussi où j’interviens avec mes collègues pour accompagner les territoires qui souhaitent mettre en place une politique linguistique globale en faveur de l’alsacien. Cette stratégie permet d’articuler ensemble tous les champs sociétaux où l’alsacien peut et doit être revitaliser (l’économie, le patrimoine, le tourisme, la culture….)
Enfin, je m’occupe également de notre portail internet dédié à la préservation du patrimoine oral (www.sammle.org). Ce portail permet d’accéder à de très nombreuses ressources en alsacien (audio et vidéo) dans les domaines suivants : les chants et musiques traditionnels, les savoir-faire traditionnels, les contes et légendes, le théâtre dialectal, les témoignages ou récits de vie en alsacien.

4) Combien de personnes travaillent dans la structure ?
L’OLCA est une petite structure qui emploie 9 personnes. L’équipe est souvent complétée par la venue de stagiaire de longue ou courte durée selon le volume de notre activité.

5) L’alsacien est-il, à l’heure actuelle, beaucoup parlé ? Pouvez-vous nous en dire plus sur les pratiques de l’alsacien (habitudes, moyenne d’âge, etc.) ?
Tout d’abord, il faut savoir que parmi toutes les langues régionales de France, l’alsacien est encore très vivant. En termes de proportion de locuteurs par rapport à la population totale, il reste la langue régionale la plus parlée à France. Mais ¾ des personnes qui le pratiquent quotidiennement ont plus de 65 ans. Et une forte pratique ne garantit pas la pérennité, la survie et la vivacité chez les plus jeunes : en effet, la plupart des personnes pratiquant l’alsacien quotidiennement le font par habitude, car c’est leur langue maternelle et que c’est la langue de leurs interactions sociales. La pratique est une pratique d’usage, et non pas dans un contexte de transmission aux enfants. C’est dommage car si toutes les personnes maîtrisant la langue la transmettaient au moins à un enfant, la langue serait sauvée…
Pour en savoir plus, vous pouvez consulter la page dédiée à l’enquête que nous avons réalisé en 2012 : http://www.olcalsace.org/fr/observer-et-veiller/le-dialecte-en-chiffres

6) Quelles actions menez-vous pour promouvoir la langue régionale alsacienne ?
L’OLCA met en place de nombreuses actions en faveur de l’alsacien.
Pour schématiser, elles s’articulent selon les thématiques suivantes :

  • Transmettre et guider
    • Il s’agit ici d’agir afin de favoriser la transmission de l’alsacien par les familles mais aussi dans le cadre extra-scolaire (ex. Cd de berceuses dans les Carnets de santé)
    • Nous créons des outils destinés à ce public et proposons des spectacles destinés au jeune public aux médiathèques et aux autres lieux d’accueil collectifs
    • Nous formons également les intervenants d’ateliers d’alsacien
    • Nous soutenons les structures qui souhaitent mettre en place ce type d’ateliers
  •  Impulser et faire vivre
    • Nous accompagnons les porteurs d’initiatives culturelles en alsacien dans le montage de leur projet et soutenons les artistes et acteurs culturels d’Alsace. (ex. concours de chant en alsacien « d’Stìmme » et festival « Friehjohr fer ùnseri Sproch »)
    • Nous travaillons dans une logique partenariale avec tout type de structure souhaitant donner une visibilité accrue à la langue régionale
    • Nous accompagnons les communes et les collectivités dans leur projet linguistique territorial
    • Nous incitons les entreprises locales à s’approprier la langue dans leur communication et leur plan marketing
    • Nous proposons à tout ces acteurs un service linguistique en alsacien (traduction, relectures,
  • Publier et partager
    • L’Office développe aussi une série de portails internet pour favoriser l’accès de chacun aux informations relatives à l’alsacien (www.olcalsace.org) , aux ressources patrimoniales en langue régionale (www.sammle.org) , et aux ressources pour la transmission et l’apprentissage de la langue (www.lehre.olcalsace.org)
    • Nous publions des outils linguistiques tels que des lexiques en version papier et en version numérique
    • Nous assurons une présence constante de l’alsacien sur les réseaux sociaux
    • Nous produisons également des contenus audiovisuels en alsacien (émission Wàs hesch ìm Schìld pour Alsace 20)
    • Nous disposons d’un centre de documentation et louons des outils pour les animateurs (Bàbbelkìscht…)

7) Des idées pour apprendre l’alsacien à ses enfants ou petits-enfants de manière ludique ?
Dans un contexte familial, nous préférons parler de transmission plutôt que d’apprentissage, ce terme étant généralement associé à l’apprentissage scolaire. Nous préférons valoriser une approche ludique de la transmission. Notre premier conseil est de ne pas se prendre la tête et d’avoir une relation de communication avec son enfant en alsacien la plus naturelle et la plus sereine possible. Le cerveau du jeune enfant accueille les sons et sonorités de différentes langues de manière complètement intuitive, il est en phase d’acquisition du langage et de compréhension du monde qui l’entoure et il n’a pas de blocage. Les seuls blocages qu’il pourrait avoir sont ceux que les adultes lui transmettent. Rester dans son rôle de parent qui partage le quotidien de son enfant, avec ses hauts et ses bas. Ne pas se mettre dans un rôle de professeur. Parler, rire, chanter, bricoler, cuisiner, lire, raconter, regarder des documentaires en alsacien. Les ressources de l’OLCA vous y aideront grandement : www.lehre.olcalsace.org


8) Quels conseils donneriez-vous à des personnes qui voudraient commencer à apprendre l’alsacien ?
Il existe bien sur des cours d’alsacien et on peut également apprendre la langue auprès d’un locuteur. Voici quelques conseils pour les primo-apprenants : nous préconisons de choisir une variante à apprendre. Ne pas se dire qu’en apprenant une variante on n’arrivera pas à communiquer avec tout le monde : il n’existe pas d’Alsacien qui maîtrise toutes les variantes, de toute façon ! Sinon, pour apprendre la langue, se procurer des méthodes et écouter la langue : ressources audio, vidéos, etc.. (Sàmmle). Et surtout, pratiquer le plus vite possible avec quelqu’un de bienveillant !!!
 
9) Portrait chinois en alsacien (merci de bien vouloir répondre en alsacien) :
– Votre lieu préféré en Alsace :
Robertsawwerwàld, weil i ìn Strossbùrri gebore bìn ùn àseklein ìn dem Wàld mìtem Velo rùmgfàhre bìn.
– Votre mot alsacien préféré :
Es gìbt so viel. Ich hàb se àlli gern… Ich saa mol Fìrlefrànzle (fanfreluches) ou Dìrlips (navet fourrager)
– Votre plat alsacien préféré :
Lëwwerknepfle mìt Kräscherle
– Une expression alsacienne que vous aimez :
Wànn d’Sangessel sangle wìll, sangelt se schùn àseklein.
Si l’ortie veut piquer, elle pique déjà toute jeune.
 
– Et pour finir une petite blague :
Je suis très nulle en blagues, je préfère de loin l’humour noir britannique mais j’ai cherché et en voilà une qui me fait sourire :
De Pfàrrer fröjt de klaan Albert üss : Duen ìhr dheim vorhem Z’mìddà-Esse bätte ?
Ja, ja, saat de klaan Albert, sogàr de Bàbbe. Der saat àlle Dàà : Hergott wàs ìsch dìs fer e Gfräss !

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