Micro-Folie : le musée numérique itinérant au cœur de la culture
La Micro-Folie est un concept innovant qui offre un musée numérique accessible à tous. Lancée par La Villette en partenariat avec le ministère de la Culture et 12 institutions nationales, elle regroupe plus de 3200 œuvres numérisées en haute définition, provenant de musées prestigieux tels que le Louvre, le Château de Versailles, ou encore le Centre Pompidou. Ce projet vise à démocratiser l’accès à la culture grâce à un espace modulable et ludique, où les visiteurs peuvent explorer les chefs-d’œuvre en toute liberté via des tablettes interactives, ou organiser des visites de groupe avec un mode conférencier. La Micro-Folie ne se limite pas à l’exposition numérique ; elle peut également proposer un FabLab, un espace scénique, des postes de réalité virtuelle, faisant d’elle un outil complet pour l’éducation artistique et culturelle. Véritable lieu de vie et d’échanges, elle accueille aussi des événements tels que des concerts ou des projections, renforçant ainsi son rôle de lien entre les publics et les institutions culturelles. Disponible en version fixe ou itinérante, la Micro-Folie s’installe dans des lieux variés, comme des médiathèques ou centres culturels, pour se rapprocher toujours plus des publics.
Entretien exclusif avec Laura Picques : au cœur de la Micro-Folie
Je tiens à remercier Laura Picques, animatrice en charge de la Micro-Folie et responsable de la mise en place du projet culturel à la COMCOM de la Vallée de Villé, pour avoir pris le temps de répondre avec soin à mes questions. Son engagement et sa passion pour la culture transparaissent dans chacune de ses réponses. Je vous laisse découvrir ci-dessous cet échange sous forme de questions-réponses.
- Pouvez-vous nous rappeler ce qu’est une Micro-Folie et quels sont ses principaux objectifs ? La Micro-Folie est un concept de « musée numérique » développé par La Villette à Paris, à l’initiative du ministère de la Culture. Son objectif principal est de rendre accessible à tous, en très haute définition, des œuvres d’art provenant de musées et d’institutions culturelles, accompagnées d’explications. Les œuvres défilent sous la forme d’un « film », et les utilisateurs peuvent explorer le contenu via des tablettes : zoomer sur les œuvres, écouter des vidéos, réaliser des puzzles, etc.
- Comment sont choisies les œuvres présentées dans les collections de la Micro-Folie ? Les œuvres sont organisées en « collections » : ce sont des films d’environ 20 minutes qui affichent entre 60 et 120 œuvres à l’écran en boucle. Une fois une œuvre sélectionnée sur la tablette, l’utilisateur peut accéder à des œuvres complémentaires. Ainsi, chaque collection contient entre 300 et 800 œuvres disponibles. Les collections sont thématiques. Des établissements partenaires soumettent des œuvres à La Villette, qui procède ensuite à une sélection pour composer le film. Par exemple, différentes structures culturelles de la région Grand Est ont proposé des œuvres pour réaliser la collection Grand Est, la 16ᵉ et dernière sortie récemment. La Villette sélectionne les œuvres selon des critères précis, comme la qualité de l’image et la pertinence avec la thématique. La collection Grand Est contient 750 œuvres provenant de 70 partenaires différents (musées, bibliothèques, archives, médiathèques, etc.).
- Quelles sont les principales différences entre une Micro-Folie fixe et une Micro-Folie itinérante ?Une Micro-Folie fixe est implantée dans un lieu permanent et ne se déplace pas. Elle peut disposer de son propre bâtiment ou être installée dans un espace comme une médiathèque, par exemple. Son principal avantage est sa visibilité, autant pour le public que pour les agents qui y travaillent, car ils peuvent plus facilement planifier une programmation à long terme avec des propositions récurrentes. Le lieu et l’espace dédiés restent constants, mais cela implique que le public doit venir à elle. Dans un territoire rural, où la mobilité pose souvent des problèmes, l’accessibilité culturelle pour tous devient un défi lorsque « tous » ne peuvent pas se déplacer facilement. C’est là qu’une Micro-Folie mobile devient précieuse. Elle se compose de plusieurs caissons contenant tout le matériel nécessaire, y compris un écran, permettant d’installer la Micro-Folie dans n’importe quel lieu. C’est donc la Micro-Folie qui se déplace vers le public.
- Quels projets spécifiques avez-vous déjà mis en place avec la Micro-Folie dans la Vallée de Villé ?La Communauté de Communes a acheté la Micro-Folie l’année dernière. Elle a notamment été utilisée quelque temps à l’espace ados de la MJC. Mais, depuis quelques mois, une réelle volonté s’est manifestée pour la sortir davantage et construire des projets avec des acteurs locaux. L’école et le périscolaire de Maisonsgoutte ont été les premiers à répondre à cet objectif en demandant la Micro-Folie au sein de leur établissement. Il est possible de « puiser » dans les différentes œuvres présentes dans les collections pour créer une thématique précise et proposer une petite « conférence » devant un public. Pour les élèves du Honcourt, une séance a été organisée sur le thème du « cirque », en lien avec le projet pédagogique de l’établissement pour l’année. Au retour des vacances de la Toussaint, les 4 autres classes, y compris les maternelles, découvriront également cet outil.
- Pourquoi avez-vous choisi des thématiques comme le sport, Paris et les résidences royales européennes pour les premières collections présentées dans la Vallée de Villé ? Parce que je voulais éviter le « nu »… Je n’ai pas la possibilité de choisir les œuvres qui défilent dans les différentes collections. Celles-ci sont conçues par La Villette et, une fois réalisées, elles ne sont pas modifiables. Certaines œuvres peuvent présenter des visuels un peu choquants pour des enfants de primaire. Comme il s’agissait d’une découverte de l’outil en mode « libre » et non d’une conférence que j’animais avec des œuvres choisies par mes soins, j’ai préféré diffuser des collections qui me paraissaient adaptées à leur âge et ludiques. Par exemple, la collection sport contient de nombreuses vidéos, ce qui est plus adapté pour des enfants ne sachant pas encore bien lire, par exemple…
- Quels sont les projets à venir pour la Micro-Folie dans la Vallée de Villé, notamment pour la programmation de Noël ? La Micro-Folie de la Vallée de Villé n’est pas uniquement destinée aux enfants, et encore moins aux écoles! Pour Noël, la programmation sera axée sur les familles. Du 7 au 14 décembre, elle sera implantée au centre socio-culturel de Breitenbach, avec quatre animations prévues pour les familles. Les 7 et 11 décembre, des activités seront organisées autour de la thématique de Noël, avec une présentation d’œuvres suivie d’un temps de discussion, puis d’un atelier créatif pour repartir à la maison avec un souvenir, une petite décoration. Le 13 décembre, une soirée d’exception sera proposée pour les adultes, avec la diffusion de l’opéra Cendrillon, une captation de l’œuvre de Jules Massenet, de 18h30 à 22h, avec entracte et collations. Et le lendemain, le 14 décembre, la Micro-Folie sera accessible en mode libre, offrant la possibilité de découvrir les mallettes pédagogiques et d’interagir avec les œuvres.
- Comment envisagez-vous l’évolution de la Micro-Folie dans la Vallée de Villé à moyen et long terme ? Y a-t-il des modules ou des collaborations supplémentaires envisagés ? À long terme, nous aimerions que la Micro-Folie puisse avoir un lieu un peu « fixe » où elle resterait ouverte au public lorsqu’elle n’est pas déployée dans les différentes communes. Actuellement, lorsqu’elle n’est pas utilisée, elle est pliée et rangée. À moyen terme, nous souhaitons la faire circuler un peu partout et la présenter à tout le monde, à la fois aux écoles et aux associations. Par exemple, j’ai déjà échangé avec Michel Jourdain, président de l’association Les Cavaliers du rêve et organisateur des Nuits de Saint-Gilles, qui envisage d’installer l’outil lors de son événement pour occuper les festivaliers pendant la journée. Nous voulons que le territoire s’approprie la Micro-Folie et puisse la réclamer.
- Quel public souhaitez-vous toucher en priorité avec la Micro-Folie dans la Vallée de Villé ? Idéalement, tous. Je n’ai pas de priorité, mais plutôt des « envies » concernant les publics à toucher. Par exemple, j’aimerais intervenir au sein de l’EHPAD de Villé pour proposer la Micro-Folie aux résidents, notamment lors d’une journée intergénérationnelle. Un enfant et un résident pourraient tester l’outil ensemble. L’enfant apporterait sa connaissance de la manipulation de la tablette, tandis que le résident partagerait ses connaissances, ses anecdotes ou ses souvenirs sur les œuvres.
- Quels retours avez-vous reçus ? Les retours proviennent principalement des enfants et sont très positifs. J’ai également reçu des retours de la part des parents dans ce sens, y compris à la fin de la séance. C’est un outil vraiment très ludique qui permet d’introduire un peu d’histoire et d’art dans leur programme.
- Qu’est-ce qui vous a personnellement motivée à vous engager dans le projet Micro-Folie dans la Vallée de Villé ? Je connaissais déjà l’outil, ayant réalisé un service civique au sein d’une Micro-Folie en 2019. J’étais curieuse de voir comment l’outil avait évolué en cinq ans, et j’avais également envie de découvrir la Vallée de Villé que je ne connaissais pas.
- Y a-t-il une œuvre ou une collection que vous aimeriez particulièrement faire découvrir aux habitants à travers la Micro-Folie ? Le Déjeuner sur l’herbe de Manet. Parler de cette œuvre permet d’aborder la rupture entre la peinture traditionnelle et l’émergence de nouveaux mouvements, comme l’impressionnisme. On évoque le « salon des refusés » et les « contre-salons », etc. C’est un sujet qui mêle scandale, sociologie du XIXe siècle et renouveau.
- Si vous deviez rêver d’un projet idéal pour la Micro-Folie dans la Vallée, à quoi ressemblerait-il et comment impliqueriez-vous la communauté locale ? Je n’ai pas encore de projet « idéal » dans la Vallée, juste beaucoup d’idées. Par exemple, j’imaginerais une médiation un peu particulière dans laquelle le public serait privé de la vue. L’idée serait de reconstruire l’univers sonore et sensoriel d’un tableau en travaillant avec des musiciens, des maraîchers ou encore des parfumeurs locaux. Cela permettrait d’entendre, de sentir, de toucher et d’essayer d’imaginer ensuite l’œuvre en question.
- Retrouve-t-on des œuvres d’artistes de la Vallée de Villé dans la programmation de la Micro-Folie, ou envisagez-vous d’en intégrer à l’avenir ? Malheureusement, non. En 2021, La Villette a débuté la réalisation de la collection Grand Est, et les institutions culturelles de la région pouvaient soumettre des œuvres. Dans le rendu final, qui est sorti récemment, aucune œuvre ne provient de la Vallée. Soit aucune n’a été retenue, soit aucune n’a été proposée. Il n’est pas possible d’ajouter des œuvres à posteriori. Pour en voir à l’avenir, il faudrait que La Villette développe soit la collection Grand Est 2, soit une collection thématique sur les châteaux, par exemple, et que l’on propose des visuels des châteaux de notre territoire, en espérant qu’ils passent la sélection. Mais rien n’est impossible ! Qui sait, nous aurons peut-être des visuels de René Kuder un jour !
14. En quelques mots, quel message aimeriez-vous transmettre aux habitants de la Vallée de Villé concernant la Micro-Folie et son rôle dans leur quotidien ?
D’oser venir.
D’oser pousser la porte.
De venir découvrir l’outil, sa richesse.
D’écouter sa curiosité.