Noms et histoires : une exploration des villages de la vallée de Villé / Partie 1
Albé
Comme beaucoup de villages de la vallée de Villé, Albé tire son nom du ruisseau qui le traverse : le ruisseau des aulnes. En allemand, le village était nommé Erlenbach, et en alsacien Erelbach. Le terme Erle désigne l’aulne, tandis que Bach signifie ruisseau.
Les premières mentions d’Albé remontent à 1303 sous la forme Erlenbach. Ce nom a évolué au fil du temps : Erlibach en 1362, Ehrlinbach toujours en 1362, pour revenir à Erlenbach jusqu’en 1665. Après la Première Guerre mondiale et le retour de l’Alsace à la France en 1919, la graphie actuelle, Albé, s’impose. Cette francisation résulte de l’évolution naturelle du dialecte roman local, où Erle devient Al et Bach se transforme en Be.
Les habitants et leurs sobriquets
Les habitants d’Albé sont surnommés de manière pittoresque Kensterlegücker (ceux qui regardent dans l’armoire) ou Fanschterlegücker (ceux qui épient par la petite fenêtre).
Bassemberg
Les premières mentions de Bassemberg remontent à 1361 sous la forme Bassenberg, puis au 18ème siècle sous sa forme actuelle. En dialecte alsacien, il est appelé Bassebarri. L’étymologie du nom pourrait provenir d’un ancien nom germanique, Badubald, signifiant « le courageux dans les combats ». Au fil du temps, ce nom s’est abrégé en diverses formes telles que Bado, Bezo, Basso, ou Besso, que l’on retrouve dans de nombreux noms de villages de la région comme Batzendorf ou Bennwihr, ce dernier étant un hameau de Bado.
Dans le cas de Bassemberg, le nom pourrait se traduire par « la montagne de Basso » (am Berg des Basso), ce qui fait référence à la localisation du village près d’une montagne. Une autre interprétation suggère que le nom pourrait remonter à la racine germanique der Basse, qui désigne le sanglier. Le village signifierait donc « la montagne des sangliers », ce qui donnerait du sens à l’appellation Bassenberg ou Bassemberg.
Les habitants et leurs surnoms
Les habitants de Bassemberg portent le surnom de d’Krabbe (les corbeaux).
Breitenau
Le village de Breitenau, appelé Breitnau en alsacien et Bratenau en dialecte roman, est mentionné pour la première fois en 1336 sous la forme Breitenow, puis en 1359 sous la graphie Breytenowe. Il est probable que ce toponyme fasse référence à la géographie du lieu, caractérisée par une vaste prairie (breit signifiant « large » et Aue désignant une prairie en allemand). Contrairement à certaines théories du 19ème siècle, les origines celtiques du nom sont désormais largement écartées.
Nom des habitants
d’Guggug (les coucous)
Breitenbach
Breitenbach, est mentionné sous différentes formes au fil des siècles. En 1137, le village est référencé sous le nom de Breiderbach, puis Breitembach en 1303, Brechtembach en 1601, Breittenbach en 1665, et Berchbach au 18ème siècle avant de prendre sa forme actuelle, Breitenbach, au 19ème siècle.
L’interprétation la plus simple et populaire de son nom fait référence à une « rivière large » (breit signifiant large et Bach désignant un ruisseau en allemand). Le ruisseau de Breitenbach, qui draine une partie des eaux du massif du Champ du Feu, est effectivement suffisamment imposant pour justifier cette dénomination.
Certaines interprétations plus anciennes, notamment celles évoquant des origines celtiques, ne sont plus retenues aujourd’hui par les historiens.
Les habitants et leur sobriquet
Les habitants de Breitenbach sont surnommés Beilarschretscher, ce qui signifie « ceux qui glissent du Pelage ».
Dieffenbach-au-Val
En alsacien, le village est nommé Dieffabach, et sa graphie n’a pratiquement pas évolué au fil des siècles. Le nom Dieffenbach apparaît pour la première fois en 1336, puis à nouveau en 1359 et en 1690 sous la forme Tifenbas. C’est seulement plus tard qu’on a ajouté au-Val pour distinguer ce village de Dieffenbach-lès-Woerth. Le nom Dieffenbach est un toponyme germanique, complété par l’expression française au-Val.
L’interprétation populaire du nom, « rivière profonde » (tief signifiant « profond » et Bach « ruisseau » en allemand), semble peu adaptée à la situation géographique du village. En effet, Dieffenbach-au-Val s’étend dans une avant-vallée aux pentes douces, et son ruisseau est tout sauf profond. Il est peu encaissé et souvent presque à sec en été, ce qui rend cette explication peu convaincante.
Les habitants et leur surnom
Les habitants de Dieffenbach-au-Val sont surnommés Katzastecher, ou « tueurs de chats ».
Fouchy
Fouchy, appelé Grube en allemand, Grüeb en alsacien et Fosche en dialecte welsche, possède une histoire marquée par des transformations linguistiques et culturelles. À l’origine, le village est mentionné sous le nom de Groba dans une charte du début du 13ème siècle, bien que certaines analyses de ces documents suggèrent qu’ils pourraient être des faux. Le nom actuel de Fouchy est plus récent, datant du 17ème siècle, une période où l’Alsace devient française après la Guerre de Trente Ans.
Afin de restaurer la région dévastée, Louis XIV encourage en 1662 le retour des anciens habitants, qui avaient fui ailleurs, et invite également des Français et des étrangers catholiques à s’installer en Alsace pour y cultiver et valoriser les terres abandonnées. Parmi ces nouveaux colons, on retrouve des familles comme les Humbert, venus de Lorraine, et les Brunettes, originaires de Suisse. C’est probablement à cette époque que le nom de Grube, encore utilisé au milieu du 16ème siècle, est francisé en Fouchy. Cependant, il est possible que la francisation ait déjà commencé partiellement au 15ème siècle. Un document de 1688 cite un certain P. Auger, « pastor in Fouchy ».
Le nom Fouchy pourrait venir du patois local Fosche, un terme encore utilisé au 19ème siècle pour désigner un « fossé ».
Certains historiens avancent l’hypothèse que Fouchy dériverait d’un ancien nom Fossa, mentionné dans un document du 12ème siècle. Toutefois, il est plus probable que ce document fasse référence à un autre village, La Grande Fosse, près de Saales.
Les habitants et leur surnom
Les habitants de Fouchy sont surnommés Fouchotte en dialecte welsche, ce qui signifie « fourchette ».
Lalaye
Lalaye, appelé Lach en allemand et en dialecte alsacien, ou Lela en patois roman, tire son nom d’un terme signifiant « flaque d’eau », « petite mare » ou « étang ». Cette étymologie reflète bien la géographie du lieu, puisque la vallée est effectivement humide et arrosée par plusieurs cours d’eau. La rivière Mittelscheer traverse le fond de ce vallon avant de se jeter dans le Giessen d’Urbeis, situé tout près.
Les habitants et leurs sobriquets
Les habitants de Lalaye sont surnommés les migeux de là, ou « les mangeurs de lard ».
Charbes
Le hameau de Charbes, autrefois connu sous le nom de Mittelscheer, est mentionné dans des documents dès 1471, puis en 1477, 1488 et 1492, notamment dans une charte concernant les mines du Bilstein. Mittelscheer est le nom du ruisseau qui descend du Climont et coule dans un vallon parallèle à celui de la Scheer d’Urbeis et à celui de Steige. Aujourd’hui, la Scheer est connue sous le nom de Giessen. Quant au toponyme Charbes, il semble dériver de Scheer (devenu « Char ») et be (désignant un ruisseau), signifiant ainsi « le ruisseau de la Scheer ».
Les habitants et leurs sobriquets
Les habitants de Charbes, sont appelés les Horbotteux.