Noms et histoires : une exploration des villages de la vallée de Villé / Partie 2
Maisonsgoutte
L’histoire du nom de Maisonsgoutte commence avec la déformation de son appellation originale en Hisselbach au 14ème siècle. Une traduction littérale de ce nom nous amène à Maisongoutte, le suffixe -goutte étant largement répandu dans les régions romanes pour désigner un ruisseau, notamment dans l’arrière-vallée de Villé. Par la suite, Maisonsgoutte, adapté et transcrit en allemand, évolue naturellement en Maisengott en 1603, puis en Meissengott en 1665.
Les habitants et leur sobriquet
Le sobriquet des habitants, « les fourmis », fait écho à leur amour du travail et de la nature, une valeur transmise de génération en génération par les Meisegetters. Les habitants de Maisonsgoutte sont également connus sous plusieurs autres surnoms, tels que Pfafferschlacker (lécheurs de poivre), Omeise (fourmis) ou Haxa (sorcières).
Neubois
Neubois, connu sous le nom de Gereuth en allemand et Kritt en alsacien, est mentionné pour la première fois en 1336. Ce toponyme germanique apparaît ensuite sous différentes formes, telles que Krût et Kritt, au cours des décennies suivantes. À partir du 17ème siècle, le nom commence à être francisé.
Le terme allemand Gereuth signifie « essart » ou « défrichement ». Il désigne une portion de forêt qui a été défrichée, où les branches ont été brûlées. En ce sens, la traduction française du nom serait plus proche de « stirpoux » que de « neubois ». En effet, Neubois fait référence à ces surfaces défrichées qui, après quelques années de culture, retournent à l’état de friche ou à une nouvelle forêt qui pousse spontanément.
Les habitants et leur sobriquet
Les habitants de Neubois sont surnommés Krittersaeckle, ce qui signifie « petits sacs à plantes ».
Neuve-Église
Neuve-Église, connu sous le nom de Neukirch en allemand et Nejkerich en alsacien, est mentionné pour la première fois en 1336 sous la forme Nunkirch. Au fil des siècles, la graphie du nom a connu de nombreuses évolutions : Nuwenkirch dans des documents de 1359, 1362 et 1369 ; Nüwenkirch en 1371 ; Nuwenkirche (1430) ; Nuwekirch en 1469 ; et Nükirch en 1543.
Après les traités de Westphalie en 1648, une grande partie de l’Alsace est rattachée à la France. Dans le registre de baptêmes de 1688-1717, le curé François Willette dresse un « état de toutes les familles de la paroisse de Neuve-Église » en 1690. À partir du 18ème siècle, la graphie Neuve-Église est adoptée, sauf pendant les périodes d’annexions allemandes (1871-1918 et 1940-1944), où le nom est à nouveau germanisé.
L’église du village est l’un des plus anciens édifices religieux de la vallée, la partie inférieure du clocher remontant sans doute au 13ème siècle. L’utilisation du terme « Neuve » dans le nom soulève des questions : pourquoi parler de « Neuve Église » ? Il est probable que ce nom ait été attribué en rapport à une ancienne église. Ce nom pourrait faire référence à la première église du Comté-Ban ou être comparé à d’autres sanctuaires déjà établis dans la vallée, tels que ceux de Villé, Saint-Martin, Fouchy et Saint-Maurice, qui possèdent tous des vestiges ou des traces écrites de lieux de culte anciens.
Les habitants et leur sobriquet
Les habitants de Neuve-Église sont surnommés d’Schnaka, signifiant « les escargots ».
Hirtzelbach
Les habitants de Hirtzelbach sont appelés d’Katza. (les chats).
Saint-Martin
Saint-Martin, connu sous le nom de Samarte en alsacien, a conservé tout au long de son histoire le nom de son patron ecclésiastique. La première mention de la paroisse remonte à un acte de donation à Honcourt en 1061, qui situe la paroisse « sur les lieux mêmes », c’est-à-dire à proximité immédiate de l’abbaye. Par la suite, le nom de Saint-Martin apparaît dans plusieurs documents historiques : dans le terrier des Habsbourg (1303), sous la forme Saint Martini (1371), et en tant que S. Martini vallis Alberti (1390), puis Saint-Martin in valle Weileriana en 1666.
Les habitants et leurs sobriquets
Les habitants de Saint-Martin portent des sobriquets intéressants, tels que Pfrimmerschiffler (les cosses de genêts) ou Garteschisser (chieurs de jardins). On les désigne également sous le nom de d’Stoepper (les fourreurs de chaussons).
Saint-Maurice
Saint-Maurice, connu sous le nom de Sankt Moritz en allemand et Sàmmeritz en alsacien, présente deux graphies principales. Le nom germanique Sankt Moritz apparaît dans des documents du Moyen Âge, bien que les plus anciens soient des faux ; après 1200, tous les documents sont authentiques. En parallèle, le nom français émerge après la Guerre de Trente Ans, notamment sur la carte de Cassini, ainsi qu’un mélange franco-germanique avec Sankt Maurice en 1690. Le toponyme subit de nouveau une germanisation durant les périodes d’annexions (1871-1918 et 1940-1944).
Le village est dédié à un officier romain du 3ème siècle, martyrisé sous l’empereur Maximien dans le Valais. Le culte de Saint Maurice se développe au Moyen Âge, et environ soixante communes en France portent son nom, mais seulement un village en Alsace.
Les habitants et leur sobriquet
Les habitants de Saint-Maurice sont surnommés Beeraschnitzer, signifiant « les coupeurs de poire ». De plus, le village est parfois désigné sous le nom de Klein Baris (le petit Paris), possiblement en référence aux nombreuses jeunes filles qui, au 19ème siècle, ont émigré vers la capitale pour y travailler. Ce phénomène est également observé à Steige, soulignant les liens historiques entre ces deux communautés.
Saint-Pierre-Bois
Saint-Pierre-Bois, connu sous le nom de Sankt Petersholtz en allemand et Peterschultz en alsacien, est cité pour la première fois en 1269 sous le nom de « Villa Sante Petersholtz ». Par la suite, le village apparaît sous diverses graphies, comme « ze Sant Petersholz » en 1303 dans le Habsburger Urbar, et en 1371 comme « sancti Petri in Silva » puis « sancti Petrus in Silva » dans un registre d’impôts épiscopal. En 1480, un diplôme de Moyenmoutier désigne le village comme « cuira de Petersholtzen in Valle Villers ».
Après les traités de Westphalie (1648), le nom évolue vers Saint-Pierre-aux-Bois, puis Saint-Pierre-Bois, qui n’est que la traduction du toponyme germanique Sankt Petersholtz. Située dans une région initialement boisée, au pied de l’Ungersberg, la localité devait à l’origine être un village clairière au milieu de la forêt. Selon la tradition orale, le nom viendrait d’un ancien couvent qui se serait établi à l’emplacement de l’église actuelle.
Les habitants et leurs sobriquets
Les habitants de Saint-Pierre-Bois sont appelés Ruppeschisser, signifiant « chieurs de chenilles » (c’est-à-dire des papillons).
Hohwarth
Le nom de Hohwarth a peu changé au fil des siècles, apparaissant sous des formes telles que Hohwarth et Hoherwart. Ce toponyme serait traduit par « tour de guet », mais la question se pose : qu’est-ce qu’on surveillait ? Peut-être l’entrée de la vallée de Villé en arrivant par Blienschwiller ? Cette hypothèse, bien que spéculative, suggère qu’il aurait pu exister un village situé jadis à une altitude plus élevée, détruit à la suite de guerres.