Rencontre avec Manon Badermann, photographe professionnelle

« J’ai toujours voulu être photographe, même si je pensais plus au reportage de guerre ou au photo-journalisme à la Raymond Depardon et surtout à tout faire en argentique ! »

C’est avec la plus photographe des Villoises que nous allons passer un petit moment aujourd’hui.

Manon Badermann ! C’est à cette jeune femme souriante et tout aussi dynamique que nous devons les visuels de Décibulles, de certaines photos d’illustration des supports de communication de l’office de tourisme et beaucoup d’autres très belles images.
Mais Manon ne fait pas que des photos du plus cool festival ou celle de l’office, elle propose également des photos plus intimes, comme pour un mariage par exemple (elle nous en parlera mieux tout à l’heure).
Mais peu importe le sujet qu’elle part photographier, ce qui ressort du travail de Manon, c’est une grande sensibilité et une importance pour dégager le sentiment grâce à une image.

En route pour l’interview de Manon Badermann, photographe !
 
 
Salut Manon,
Est-ce que tu peux commencer par nous dire quelques mots sur toi ? (Qui es-tu ? D’où viens-tu ? …)
Je suis Manon, photographe-vidéaste de 32 ans, originaire de Strasbourg et installée dans la plus belle Vallée du monde depuis 7 ans !
 
Aujourd’hui l’image fait partie intégrante de notre quotidien, qu’elle soit figée ou animée !
Comment t’es venue l’envie de devenir photographe et de proposer tes images ?

C’est une envie qui m’est venue tôt dans mon enfance et que j’ai concrétisé à mes 13 ans en suivant des cours de photographie argentique (on parle de photographie argentique quand on utilise une péllicule dans l’appareil photo) dans un centre socio-culturel avec un super photographe, Régis Guillaume, qui m’a beaucoup apprit. Voici le point de départ, mais au fond je pense que c’est dans mes gênes, un doux mélange entre l’héritage artistique de mon père tailleur de pierre et le journalisme de ma mère.
 
Certains photographes très connus disent souvent qu’ils ne pensaient pas que cette passion deviendrait leur métier.
Est- ce que tu es dans le même cas ou tu as toujours voulu devenir photographe et vivre de tes photos ?

J’ai toujours voulu être photographe, même si je pensais plus au reportage de guerre ou au photo-journalisme à la Raymond Depardon et surtout à tout faire en argentique ! Je n’imaginais pas passer la plus grosse partie de mon temps derrière un ordinateur ! Mais il faut faire avec son temps !
Sinon j’aurai aimé être météorologue à la Nasa (étudier les orages entre autre)… Projet encore moins réalisable !
 
Je crois qu’à l’école tu suivais déjà des cours de photographie ! Tu es donc passionnée depuis ton plus jeune âge ? Comment tout ça s’est fait ? Qu’est-ce qui t’a attiré vers l’usage d’un appareil photo et surtout vers un usage artistique ?
Comme je le dis plus haut, j’ai commencé à 13 ans par des cours du soir. J’étais la seule ado, mais cela ne m’a pas freiné pour autant. Mes grands-pères faisaient aussi de la photo (en amateur) et développaient leurs photos eux-mêmes. C’est quelque chose qui m’est venu naturellement tout compte fait.
 
Quelle(s) formation(s) as-tu suivi pour y arriver ?
J’ai commencé par un Bac Littéraire option lourde Histoire de l’Art, une Licence Arts du spectacle option cinéma, pour finir par un Cap Photographe.
 
Est-ce que tu peux nous parler un peu de ta vision de la photographie ?
Pour toi, quelle force peut avoir une image et quel est son plus grand rôle ?
Souvenir ? Témoignage ? Information ? Médiatisation ? Ou l’art tout simplement ?

Pour moi la photographie est le moyen de saisir des instants vrais et de mettre en lumière des savoirs faire, ou des personnes dont la singularité mérite d’être montrée. J’aime en règle générale l’authenticité et les personnes et sentiments vrais et sincères. J’applique cette philosophie dans ma manière de pratiquer la photographie.
Elle peut avoir une grande force et un grand impact à ne pas prendre à la légère. Je me souviens du moment où je m’en suis rendue compte, c’était au lycée durant un cours d’histoire sur le photomontage de propagande de guerre. C’est un média merveilleux, artistique, utile mais qui peut aussi être utilisé pour de mauvaises raisons. Surtout actuellement dans le monde dans lequel nous vivons, entourés d’images et où l’image que l’on véhicule de soi peut-être trompeuse et dangereuse.
 
Si tu le pouvais, quel rêve de photographe souhaiterais-tu réaliser ?
J’ai toujours été attirée par les gens simples, honnêtes qui sont touchants par de petits riens. J’aimerai faire des portraits – reportages de personnes dans l’ombre. Notamment des personnes de la Vallée ?
 
Qu’est-ce qui ne te le permet pas aujourd’hui ?
Le courage et le temps me manquent…
 
Aujourd’hui, quelles sont les prestations que tu proposes ?
Je propose des prestations pour les particuliers comme des photos de mariage, baptèmes ou autres événements, des photos de grossesse, naissance, portraits etc.
Puis des prestations pour des entreprises, artisans, associations, offices de tourisme, festivals ; aussi bien en photographie qu’en vidéo.
Je fais aussi ponctuellement des ateliers photo et vidéo en établissement scolaires, ce qui est très enrichissant pour moi. J’aime ce partage et cet échange avec les jeunes. Je leur apprends beaucoup mais eux aussi !
 
Qui peut faire appel à tes services ?
Si on réfléchit bien, tout le monde a besoin de photographies !
 
 
En 2020, nos smartphones sont tellement sophistiqués et équipés d’applications permettant de retoucher les photos que beaucoup d’images diffusées sont d’une qualité incroyable.
Quel est ton avis sur cet accès à la photo mais également aux retouches réalisées pour les embellir ?

Il y a du bon et du mauvais, comme dans toute évolution. Ce que la plupart des gens ne comprennent pas, c’est qu’avec un smartphone, on n’est pas photographe pour autant. Les photos sont certes de bonne qualité, mais pas suffisantes pour faire des tirages. Et il n’y a rien de manuel, on ne peut pas faire ce qu’on veut ! Mais cela permet à tout le monde de se mettre à la photographie et ça je valide à 100 % ! Je mets juste en garde sur l’aspect de diffusion de nos photos. On poste tout, sans réfléchir à l’image de soi que l’on diffuse et à l’impact qu’elle peuvent avoir.
 

Quelles sont tes inspirations, quels sont les sujets qui te passionnent le plus et que tu souhaites traiter grâce à tes images ?
Mes inspirations profondes sont Raymond Depardon, Patrick Bailly-Maître-Grand et Martin Paar pour ne pas trop en citer.
Pour les sujets c’est l’humain, la nature, l’authenticité, le reportage. Le mélange de tout cela en ayant en tête de mettre en lumière des êtres ou des choses qui me touchent et dont j’ai envie de transmettre le message et la beauté.
 
Quels sont les photographes célèbres qui ont inspiré ton travail et ta vision à travers l’objectif ?
Raymond Depardon est mon maître, aussi bien en photographie qu’en vidéo.
 
Manon, je te pose une série de questions très rapidement et tu réponds de la même manière, en réfléchissant le moins possible, en laissant parler ton intuition.
 
Nikon ou Canon ? Canon, parce-que je suis Canon ! (blague dont j’ai droit à quasiment tous les mariages que je fais…)

Portrait ou paysage ? Paysage. Même mes portraits sont au format paysage.
 
Noir et blanc ou couleur ? Noir et blanc (pour l’argentique pour pouvoir tirer moi même les photographies)
 
Numérique ou argentique ? Argentique !
 
Mirabelle ou Myrtille ? Mirabelle…
 
Munster ou camembert ? Munster ! On est en Alsace ou bien ?
 
Doisneau ou Bresson ?  Bresson pour son cadrage (il ne recadrait jamais, d’où les bords noirs de la limite des négatifs visibles sur ses tirages)
 
Tarte flambée ou pizza ? Tarte flambée (Je fais les meilleures de la Vallée)
 
Photo ou vidéo ? Photo (mon premier amour)
 
Afrique ou Amérique ? Amérique
 
Décibulles ou ….Décibulles bien sûr;-) Déciboue ! 🙂 (2008) Je n’étais pas encore dans l’association mais simple festivalière, et les DNA ont fait une photo de moi et ma meilleure amie Tiphaine, seules festivalières à braver les intempéries pour voir le concert sous la pluie à se couvrir sous une pseudo tente !

 
Quel est LE conseil que tu donnerais à quelqu’un qui veut se lancer dans la photographie ?
D’apprendre avec l’argentique. On ne peut pas voir le résultat tout de suite, on a peu de photos à faire, il faut donc connaître les bases, réfléchir à son cadrage, trouver le bon moment pour déclencher. C’est pour moi la meilleure manière d’apprendre réellement.
 
Vincent Munier, un célèbre photographe animalier venant de Vosges dit qu’aujourd’hui beaucoup de jeunes photographes connaissent mieux la notice du dernier appareil photo à la mode que les règles de la photographie et la réalité du terrain. Tu as un avis sur ce sujet ?
Tout à fait d’accord. C’est la différence entre les photographes qui ont apprit en argentique et ceux avec le numérique… Triste réalité.
 
Est-ce que pour toi l’art se perd un peu dans toutes ces avancées techniques ou alors est-ce qu’au contraire elles l’aident à le sublimer ?
C’est propre à chacun… Pour moi, c’est l’argentique, la chimie, l’artisanat qui me passionne. Le numérique et toutes les possibilités de retouches ne me correspondent pas, mais peuvent être très enrichissantes pour d’autres photographes. J’ai un ami (Jérome Klingenfus) qui tente de réaliser des photographies interférentielles couleur (argentique) selon la méthode Lipmann qui date de la fin du XIX ème siècle. Comme quoi il y a encore des expériences à faire en argentique malgré l’arrivée du numérique.
 
As-tu un souvenir marquant en relation avec ton travail, une situation qui t’a vraiment marqué et à laquelle tu penses encore aujourd’hui ?
J’ai réalisé il y a quelques années un moyen-métrage documentaire sur des paysans, et je n’ai pas eu l’autorisation de ces paysans de le diffuser publiquement parce-qu’ils ont peur que l’on se moque d’eux. Ce documentaire a été fait pour montrer leur manière de vivre comme étant un modèle et justement pour pouvoir enfin valoriser leur travail. Cela me révolte de voir le monde dans lequel on vit, où certaines personnes n’osent même pas affirmer ce qu’elles sont, de peur du regard des autres. J’aimerai faire une suite de ce documentaire et essayer de changer les choses à mon échelle. 
 
Je te pose la même question que la précédente mais cette fois pour une photo ! Quelle est LA photo que tu as réalisée et qui pour toi est la plus réussie (pour le moment en tout cas)
(Je sais que c’est celle de Pauline et moi dans le jacuzzi ahaha)
Sans réfléchir je dirai un paysage du Népal que j’ai fait il y a un an. Mais je pense que c’est le confinement qui parle ! Je suis en manque de liberté !
 
 
 
Nous avons la chance d’avoir un festival de musique tous les ans, le festival Décibulles pour qui tu fais pas mal de photos.
Dans la vallée c’est un moment que beaucoup de monde attend, surtout pour l’ambiance ! Est-ce que tu peux nous parler de l’expérience et de la chance que tu as d’être photographe sur une telle manifestation !

Est-ce que tu as pu prendre en photos certains de tes chanteurs et musiciens préférés ?
Je suis membre et photographe du festival depuis 2012 (ça ne nous rajeunis pas tout ça…). Je gère l’équipe photo depuis quelques années, et c’est un travail assez sérieux finalement. Les gens pensent que je viens faire la fête et faire des photos, mais ce n’est pas si simple ! Mon but en tant que membre est de faire un reportage complet du festival. Ma partie est plutôt dans l’ombre. Je fais les photos de coulisses, des membres et bénévoles, du montage, qui ne sont pas forcément publiques. J’opère sur la partie archive et pour l’association. Les autres photographes s’occupent plus de la partie artistes. J’aime plûtot me concentrer sur le travail qui se fait avec toutes les petites mains. Décibulles est plus qu’un festival pour moi, c’est un état d’esprit, c’est la famille, c’est dans mes trippes !
 
Sans réfléchir, donne nous TA définition de ce qu’est une belle photographie !
Une photographie que l’on ne fait pas pour plaire aux autres, une photographie qui a un moment donné a eu besoin d’être faite et exprime quelque chose de sincère pour soi avant tout. Elle peut être floue, mal cadrée, mal exposée; si elle dégage quelque chose de profond, c’est une belle photo.

Manon, merci beaucoup pour cet échange et pour les réponses que tu viens de nous apporter.
Nous te souhaitons le meilleur pour la suite et te disons à très bientôt.

Curieuse et passionné de nature, de chevaux et de balades, je serai ravie de vous faire découvrir les trésors de la vallée de Villé !

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