Rencontre avec Stéphane – Salon de tatouage Guillot’ink
Aujourd’hui nous continuons notre série « Viens je t’emmène » pour aller à la rencontre de Stéphane, qui depuis quelques semaines, a ouvert son salon de tatouage à Saint-Pierre-Bois.
A 36 ans, Stéphane opère une véritable reconversion. Cet « ancien » graphiste a profité d’une situation pour décider de croire en son rêve et de travailler à son compte en proposant son talent à ses clients.
Lors de notre rencontre, nous avons tout de suite senti la passion et l’investissement de Stéphane dans ses œuvres comme dans la satisfaction de ses clients dans la réalisation, l’interprétation de ses dessins.
Nous vous laissons lire les quelques lignes de notre échange pour faire la connaissance de ce tatoueur pas comme les autres.
Bonjour Stéphane.
Merci de nous accueillir dans ton salon ici à Saint-Pierre-Bois.
Est-ce que tu peux te présenter en quelques mots.
Je m’appelle Stéphane Guiot, j’ai 36 ans, je suis originaire de Sélestat et je suis installé dans la Vallée de Villé depuis à peu près 9 ans.
Comment t’es venue cette idée de créer un salon de tatouage dans la Vallée de Villé ?
C’est un projet que j’ai depuis 2/3 ans maintenant mais que je n’ai pas mis sur pied car j’avais une situation, un salaire assez confortable, et quand on est dans notre train train quotidien et bien des fois on se dit que le chemin alternatif on n’y va pas, on n’ose pas…bref !
J’ai été licencié l’an dernier, fin juillet mais je savais déjà quelques mois avant que ça allait tomber donc je m’y attendais. Dès que j’ai entendu ça je me suis préparé, je me suis dit bon ben c’est le moment de t’entrainer à tatouer plus activement et c’est l’année pour mettre ce projet sur pied !
C’est comme ça que je me suis lancé.
Tu as voulu passer du graphisme au tatouage, mais qu’est ce qui te poussait à vouloir tatouer des personnes ?
C’est le côté plus humain !
Parce que quand tu bosses dans une boite pour des grosses entreprises finalement tu reviens très vite au côté financier. C’est faire une belle pub, faire un machin qui va ramener quelque chose d’un point de vue marketing et ce côté-là commençait à me peser.
Je sentais les dernières années (j’ai fait ça pendant plus de 15 ans) qu’elles étaient vraiment plus stressantes. Je m’en rendais compte le soir en rentrant et j’avais besoin d’une finalité différente que juste un projet marketing avec des opérations derrière.
Le fait de tatouer sur les personnes c’est …. C’est très particulier… Je ne sais pas comment l’expliquer.
Il y a ce côté un peu stressant parce que l’on sait qu’on n’a pas le droit à l’erreur parce qu’il n’y a pas de gomme, on ne peut pas mettre un coup de blanc dessus et puis repasser comme sur un tableau.
Et puis il y a ce côté … (Stéphane réfléchit et ne sait pas comment décrire ce sentiment, ce ressenti) il y a ce sentiment, ce côté humain. Tu sais que c’est un projet qui souvent tient à cœur à la personne, il y a bien souvent une histoire derrière et tu vas marquer une personne à vie, avec une de tes œuvres qu’elle va porter, tout le temps !
Il y a ce côté-là que j’aime bien et l’histoire qu’il y a derrière en fait.
Moi j’aime pas les projets un peu basiques, enfin je sais pas, peut-être qu’un jour je devrai le faire. Pas plus tard que la semaine dernière on m’a contacté pour le fameux signe infini. J’essaye toujours de pousser les gens à se demander pourquoi tu veux faire ça et qu’est ce qu’on pourrait faire pour que ce soit tout aussi représentatif pour toi que ce signe qu’on voit partout mais qui ferait quelque chose d’unique.
J’aime bien ce travail de recherche et d’échange avec les gens parce que je n’ai pas envie de faire des choses qu’on voit partout … ou alors de les faire à ma sauce !
Est-ce que tu te verrais refuser un tatouage ultra basic ou tu ne pourrais pas du tout mettre ton style et ta patte ?
J’espère pouvoir y arriver, mais bon après il faut vivre, mais j’aimerais bien dans ma vie d’artiste arriver à choisir des projets qui me bottent en fait !
J’ai beaucoup de chance parce que pour l’instant les gens qui sont venus chez moi ils m’ont souvent laissé carte blanche. Ils m’ont donné un thème et après j’ai pu le faire à ma sauce donc ça c’est plutôt cool.
Par exemple le tatouage que je vais faire demain c’est un projet complètement personnel on m’a juste donné un thème. Le tatouage que je vais faire samedi c’est pareil donc en fait c’est cool j’ai de la chance pour l’instant car j’ai beaucoup de projets comme ça.
Tu fais des gros ou plutôt des petits tatouages ?
Je fais des gros tatouages, mais ça va dépendre de la demande.
J’ai fait des personnages comme par exemple Bulbizarre (un personnage du dessin animé pokemon) que j’ai fait le jour de l’ouverture mais vendredi c’était un petit trèfle.
Je ne me lance pas encore dans des projets énormes parce que je mets un peu plus de temps qu’un tatoueur qui fait ça depuis 10 ans. Maintenant c’est sûr qu’avec le temps, l’expérience et la pratique je vais pouvoir prendre de plus en plus de projets importants avec des plus grandes surfaces où j’arriverai à faire beaucoup plus en une journée.
Stéphane, est ce que tu peux nous raconter ton premier tatouage ?
Avant de le commencer, dans quel état d’esprit tu étais ?
Ben en fait j’ai eu de la chance parce que le premier tatouage que j’ai fait c’était sur ma sœur. Elle voulait que ce soit elle la première.
Alors juste une petite parenthèse, même sur mes « cobayes » j’avais déjà le local. J’ai fait la formation d’hygiène fin novembre l’année dernière (l’attestation est accrochée dans le local de Stéphane). Une fois que j’ai fait la formation, j’ai vu tout ce que le local doit comporter. On sait ce qu’on a le droit de faire, ce qu’on n’a pas le droit de faire, ce qu’il faut sur le sol, sur les murs …
Après avoir eu ces informations j’ai aménagé mon local en janvier et une fois que j’avais mon local, propre et aux normes de l’ARS avec en poche ma formation hygiène, moi j’étais rassuré pour tatouer des « cobayes ».
Parce que pour moi-même s’ils n’étaient pas encore des vrais clients mais beaucoup d’amis et de la famille c’était important de ne pas leur filer un truc, une maladie quoi. Pour moi ce n’est juste pas possible.
Du coup voilà ça c’était juste la parenthèse. Pour revenir à ta question à savoir dans quel état d’esprit j’étais…ben j’étais hyper stressé parce que bon forcément tu as beau t’être entrainé plein de fois, tu te dis là c’est vraiment sur quelqu’un … en plus là c’est ma frangine.
Mais quelque part il y avait aussi cette excitation que j’ai aussi au théâtre (Stéphane joue aussi du théâtre alsacien à Dieffenbach). C’est un petit peu pareil, tu as ce trac mais tu as envie d’y aller quand même. Je ne sais pas comment expliquer ça mais en tout cas c’était une super expérience et ma sœur a été super conciliante.
Tu mets en pratique tout ce que tu as appris – même si je le fais sur mes peaux synthétiques ou sur les peaux de cochon quand je m’entraine pour ne pas hésiter sur le client – mais c’est vrai qu’une fois qu’il y a un client devant toi et comme dit, là en plus c’était ma frangine, y a quand même ce côté on t’observe, tu n’es pas tout seul dans ta pièce en train de travailler.
C’est un vrai échange en fait ?
Oui, oui il y a un échange. Tu travailles sur la peau de quelqu’un et c’est vraiment particulier mais c’est une super expérience.
Est-ce que tu peux nous parler de toi et de ton univers ?
Alors moi je suis un grand grand fan de jeux vidéo. J’ai ici une vitrine (dans le salon, juste à côté de la table où s’installe le client) où tu vois quelques jeux un peu vieux, ça ne nous rajeunit pas tout ça, et des jeux un peu plus récents car j’ai toujours 7 ou 8 consoles à la maison. Les enfants n’ont pas le droit de jouer -rires-.
J’adore l’univers du jeu vidéo et j’aime dessiner les personnages de ces jeux, je trouve ça marrant de broder autour avec mes motifs un peu géométriques en « Dotwork ». A terme j’aimerais aussi arriver à tatouer des choses hyper géométriques, avec des lignes parfaites et pour ça je m’entraine. C’est vraiment un truc que j’aime. Je trouve ça génial d’arriver à avoir des motifs géométriques parfaits tatoués, mais ça c’est du boulot !
Tu es tatoué ! Tu peux nous expliquer ce tatouage ?
Il a été réalisé par l’artiste Dime Reck (Paris), c’est lui qui a fait tout mon bras où sont représentées toutes mes passions.
Il y a des cartes car quand j’ai le temps j’aime bien manipuler les cartes (cartomagie)…mais je n’ai pas toujours le temps. Là tu peux voir le théâtre, j’aime le théâtre et j’ai toujours aimé le théâtre. J’ai déjà joué gamin.
Ici tu vas avoir le piano parce qu’en fait je joue du piano.
Ici une horloge mécanique parce que j’ai une passion pour les montres mécaniques. J’ai vendu à contre cœur mes montres mécaniques quand on a construit la maison en me disant que c’était des choses que je pourrais racheter plus tard mais c’est vrai que j’ai une vraie passion pour les montres mécaniques.
Et bien sûr le jeu vidéo qu’on retrouve ici derrière mon bras.
Comment les gens peuvent-ils te contacter pour te commander un tatouage ?
Il y a plusieurs moyens mais j’aime bien avoir un premier échange par mail ou Messenger car il y a pas mal de choses à communiquer. Qu’est ce qu’on aimerait, à quel endroit, éventuellement des photos qui donnent une idée du projet mais pas forcément de tatouage car je n’aime pas être orienté vers quelque chose qui a été fait par un autre artiste. Ça peut-être (par exemple) des photos de fougères pour un projet de tatouage sur le thème des végétaux.
Donc sur mon site internet, il y a un formulaire de contact où on rempli tout, la zone, la taille approximative, ce genre de choses.
Après ce premier contact on peut se fixer un rendez-vous comme j’en ai régulièrement. La personne vient ici, on discute du projet et moi ça me permet de voir la morphologie ou de voir si la personne a déjà des tatouages et voir comment je vais me caler entre, donc ça va limiter les zones.
Mais tout dépend vraiment de la personne, de ce qu’elle veut, de ce qu’elle a déjà, de l’emplacement qu’elle a choisi.
On dirait que le covid n’a pas changé grand-chose pour toi car le milieu du tatouage est un milieu ou l’hygiène est vraiment importante.
Comment t’adaptes-tu à cette crise sanitaire ?
Dans le monde du tatouage, de toute façon l’hygiène est super importante, la désinfection des mains, le lavage des mains, le port de gant, la désinfection du matériel et du local et le matériel à usage unique c’est des choses qui sont déjà en place depuis des années.
Ces normes d’hygiène sont réglementées au niveau de l’ARS, on se déclare quand on ouvre un salon de tatouage, il y a une formation d’hygiène à passer.
Pour moi ça ne change rien en fait. Même quand je tatouais mes cobayes je portais déjà un masque. Je nettoyais déjà mes locaux avant et après une session de tatouage.
La seule chose qui va changer c’est que la personne ne pourra plus venir accompagnée car on va limiter les contacts. Je me suis lancé après le covid donc je n’ai connu que cette période mais j’ai hâte que la personne qui vient se faire tatouer puisse être accompagnée.
Qu’est ce que tu pourrais dire aux gens pour qu’ils aient envie de venir te rencontrer et de vivre se moment d’échange avec toi ?
Question compliquée peut-être ! (rires)
Oui c’est une question compliquée parce que j’aime beaucoup le côté humain et l’échange duquel découle le projet. Je suis dans plein d’associations en fait, je suis dans le théâtre, je suis dans Décibulles (Stéphane est responsable boisson).
Pour moi un tatouage, tel que moi je le conçois c’est vraiment un échange avec un artiste, un petit peu comme avec un peintre à qui on va donner un thème et qui va dessiner, faire un tableau en fonction de ce qu’on lui a dit, qui va dégager une émotion et qui va représenter quelque chose. C’est vraiment la partie que j’aime le plus dans le tatouage : l’échange avec le gens. Pourquoi ils aimeraient faire ce tatouage, alors sans forcément rentrer dans les détails parce que des fois y a des choses qu’on n’a pas envie de dire, mais d’aller vraiment au bout du concept en disant je veux faire ce tatouage parce qu’il y a cette raison derrière. Et j’aime ce côté où moi je vais pouvoir proposer quelque chose qui est en rapport avec ce qu’on m’a dit, quelque chose d’unique et avec ma petite touche à moi.
Nous remercions Stéphane pour son accueil et sa gentillesse. Le salon Guillot’ink vous accueille à Saint-Pierre-Bois sur rendez-vous.
Nous espérons que cet article vous aura plu et que l’envie de laisser Stéphane vous proposer un des ses magnifiques dessins en découlera.
Salon de tatouage Guillot’ink
https://guillot-ink.com/
https://www.facebook.com/guillotink
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