Viens je t’emmène – Envies d’Alsace et le Rucher du Luttenbach – Partie Apiculture

Nous vous présentions il y à quelques jours le travail de Frédérique et d’Envies d’Alsace.
Aujourd’hui c’est au tour de son compagnon Théo, de nous parler de sa passion et de son mérier.

Bon, parlons un peu apiculture avec Théo maintenant.

-40 ans d’expérience dans le miel, ça doit faire un sacré paquet de pots de miel ! Plus sérieusement Théo, comment es tu devenu apiculteur  et qu’est ce qui t’as attiré dans l’apiculture? 

Chez les Tonnelier, c’est générationnel, mon grand-père, mon père et mon grand frère ont ouvert la voie. Mes souvenirs d’enfance sont baignés par le miel et le bourdonnement des abeilles. J’ai voulu m’y intéresser de plus près après une longue carrière dans l’industrie où je ne trouvais plus de motivation, ni de sens. Je devais reprendre l’activité avec Bernard l’aîné de la famille qui suite à un gros souci de santé a hélas dû y renoncer. J’ai donc repris l’activité et appris l’apiculture en m’initiant auprès d’autres apiculteurs qui m’ont formé sur le terrain, et en lisant beaucoup de choses et très vite la passion m’a guidé et j’apprends encore tous les jours, et ce n’est pas fini. 
 
-Combien de ruches exploites tu? 

Environ 300 colonies et je produits avec environ 220 ruches.
 
Ca représente combien d’abeilles? 

Beaucoup ! En pleine saison une ruche héberge environ 60.000 abeilles donc faites le compte. J’avoue ne pas les connaitre toutes mais globalement j’ai en tête à peu près chaque ruche qui va être plus ou moins forte, plus ou moins douce, avoir tel ou tel type de reine,…

« S’il y a un animal indomptable c’est bien l’abeille ! »

-Avec quelle race d’abeille travailles tu aujourd’hui et pourquoi avoir fait ce choix?

 J’ai des Buckfast, une lignée d’abeilles qu’a sélectionné le frère Adam suite à une maladie qui a décimé la race locale en Angleterre. Il a fait plusieurs croisements entre la race locale et des reines d’origine italienne pour obtenir une abeille robuste, assez douce et bonne butineuse. 

 

-En France, il existe combien de races d’abeilles dites ‘domestiques’ ? 

Ca serait long d’être exhaustif mais il faut savoir  que la base est Apis Melifera pour toutes les abeilles dites domestiques. L’abeille locale en France est Apis Melifera Melifera ou abeille noire et encore elle est légèrement différente entre les grandes régions. Sur certaines îles ou territoires peu peuplés il y a des essais de conservation de l’abeille noire mais dans le Grand Est je pense pouvoir dire qu’elle a disparu sous sa forme génétique pure d’origine.  Il y a ensuite des abeilles d’origine Italienne (Apis Melifera Ligustica) , Caucasiène (Apis mellifera caucasica) , Carnolienne du Sud Autriche (Apis mellifera carnica) et la Buckfast  reconnue comme race à part entière. Et puis la nature étant ce qu’elle est tout ça se mélange également depuis plus d’un siècle, par sélection humaine ou tout simplement par des accouplements naturels.
 

Sont-elles différentes des abeilles sauvages ? 

L’Apis Melifera a vécu et vit encore à l’état sauvage sans l’intervention de l’homme mais il y a une multitude d’autres abeilles et plus largement encore d’autres polénisateurs. L’Apis Melifera reste l’abeille qui récolte le plus de miel et crée les plus grandes colonies. Il existe environ 1000 espèces d’abeilles en France (dont les fameux Bourdons, avec déjà 34 espèces). La plupart de ses abeilles sont dites solitaires car elles ne vivent pas en groupe comme l’Apis Melifera. 

-Est-ce que Frédérique participe aussi à l’élevage des abeilles et à la récolte du miel, ou est-ce ton univers? Je crois savoir que les abeilles et Frédérique ça n’a pas toujours été une chose facile. 

Cette année, Frédérique vient plus avec moi dans les ruchers et est une aide bien précieuse. Elle y prend même de plus en plus de plaisir et va gagner des galons d’apiculteur prochainement.  Elle a su petit à petit vaincre ses apréhensions et commence à supporter les piqures. Mes filles également aiment bien venir aux ruches avec moi quand elles sont de passage chez nous.
 
-Frédérique et toi venez d’obtenir deux médailles au Concours Général Agricole lors du salon de l’agriculture de Paris.

Une médaille d’or pour le miel de fleurs et une médaille d’argent pour le miel d’acacia.

C’est une superbe récompense. Comment as tu travaillé ce produit et quels sont les critères requis pour obtenir une telle distinction?

L’année dernière, nous avons été récompensé de ces deux médailles effectivement et cette année en février 2020, c’est le miel de châtaignier qui a été récompensé par la médaille d’or. Le miel est un produit naturel qui ne se travaille pas, il doit cependant répondre à plusieurs critères comme pour le label IGP, couleur, goût, densité, taux d’humidité. Je prends toutes les précautions nécessaires lors de la récolte et lors du stockage pour maintenir le miel dans des conditions optimales, la nature fait le reste !
 

-Qu’apportent ces médailles? Plus de médiatisation? Plus de reconnaissance dans le monde de l’apiculture? Plus de ventes? 

C’est avant tout une reconnaissance du travail bien fait, la gestion des ruches, l’entretien du cheptel, les choix stratégiques que je dois faire pour mener à bien la saison.

Le travail d’apiculteur doit être avant tout une passion sinon ce n’est pas tenable, il faut faire preuve d’abnégation car même si vous travaillez beaucoup, prenez toutes les précautions pour que vos abeilles soient en parfait état, la météo peut se faire capricieuse et en un seul coup peut anéantir toute une récolte.

Evidemment, les clients accrochent plus sur un produit médaillé, ça a donc un impact plus important sur les ventes. Quand les amateurs de miel de châtaigniers ont acheté un pot de miel avec la médaille, ça les conforte encore plus dans leur choix. La médaille va nous servir de support pour communiquer sur le produit.

Est-ce qu’Envies d’Alsace et le Rucher ont vu un changement depuis ces distinctions? 
Un peu je pense mais les gens qui recherchent du miel, cherche avant tout un miel de qualité et local, j’ai opté pour le label IGP justement pour confirmer que notre miel est d’origine locale et qu’il répond à des critères élaborés dans un cahier des charges drastiques. Cela me donne une crédibilité auprès des clients et leur donne une assurance et confirmation d’un miel de qualité.
 

-Combien de sortes de miel proposes tu à vos clients? 
J’ai une gamme de 7 crus différents (Acacia, Châtaignier, Crémeux de Fleurs, Fleurs liquide, Forêt, Sapin et Tilleul)
 

-Comment fait-on pour avoir du miel de sapin ou d’acacia? Tu ne peux pas expliquer aux abeilles d’aller tel jour sur tel type d’arbre, du coup je suppose que tu places tes ruches en fonction de ce que tu souhaites récolter.

Tu dois du coup très bien connaitre la vallée de Villé et sa flore.

Peux-tu nous parler un peu de ça?
S’il y a un animal indomptable c’est bien l’abeille ! Le miel fonctionne par saisonnalité. La saison démarre par le miel de fleurs en avril, j’ai des ruches placées dans les prairies et buissons/haies de la vallée. Je le récolte et je surveille attentivement l’évolution de la nature qui est de plus en plus précoce. Dès que je vois les acacias en bourgeons, j’effectue au préalable une transhumance pour les placer au pied des acacias. Les châtaigniers prendront la relève en parallèle du tilleul, le forêt et pour finir par d’infimes chances le sapin qui devient de plus en plus rare malheureusement. L’apiculteur doit être un fin observateur de la flore, de la météo et de l’état de ses ruches s’il ne veut pas passer à côté d’une récolte effectivement… J’ai par contre fait le choix de transhumer de manière locale dans un rayon de 25km maxi autour de mon domicile et sur des ‘petits’ ruchers d’environ 24 ruches. 
 

-Le confinement des populations a-t-il du bon pour les abeilles? Est-ce que tu notes des changements positifs pour tes ouvrières depuis que nos émissions et nos activités ont été fortement réduites?
Je ne crois pas qu’il y ait eu du changement direct sur les abeilles. La saison démarre très bien comparée à l’an passé mais c’est surtout la météo de cet hivers et du printemps qui y est pour beaucoup.  Si on parle d’agriculture la vallée est heureusement préservée d’une agriculture intensive et lors du confinement les agriculteurs ont (heureusement) continué leur travail. Par contre, les trajets entre les ruchers étaient bien plus faciles car beaucoup moins de circulation et surtout le calme dans les ruchers a été très apprecié, car même si mes ruchers sont en pleine nature il y a les bruits de l’activité humaine qui se propagent (voitures, motos, avions, et tout engin à moteur…). 
 

-J’allais oublier !!! Agriculture bio ou pas? 
Je fais un miel non labelisé bio car j’ai fais un choix de label IGP (Indication géographique protégée). Je travaille dans des ruchers préservés par la pollution. Dans la Vallée de Villée nous ne sommes pas (trop) pollués heureusement. Comme je le disais précédemment, le cahier des charges IGP est très strict, mon miel est analysé chaque année et validé par un laboratoire indépendant. Les gens ne me réclament pas de miel bio absolument et je leur explique longuement la pratique de mon apiculture locale et artisanale, ce qui les rassurent complètement.
 

-Comment se passe cette période si compliquée que nous traversons depuis plusieurs semaines.

Les abeilles continuent de butiner mais qu’en est-il des ventes? 
Avec Frédérique, nous avons choisi d’avoir plusieurs réseaux de distribution de notre miel, la vente à domicile, les marchés de proximité et quelques magasins de la distribution qui ont privilégié un emplacement pour les petits producteurs. La situation actuelle a fait que ce sont ces magasins qui ont le plus vendu pendant la crise du Covid-19 et nous ont commandé régulièrement du miel. Les particuliers n’ont pas pu  se déplacer comme bon leur semble. Effectivement les ventes ont diminué même si quelques uns ont continué à venir s’approvisionner chez nous en respectant bien les gestes barrières. Nous avons cependant hâte que le marché de Villé reprenne en attendant les marchés du terroir d’été  pour que nous puissions reprendre contact socialement avec les gens.
 

-Comment et ou acheter vos produits dans la vallée? 
A domicile à Breitenau en nous appelant au préalable ou sur internet www.//envies-alsace.fr.

Notre miel est également présent chez plusieurs commerçants de la Vallée. Bientôt, nous espérons vivement être à nouveau présents en direct sur les marchés et manifestations estivales et j’espère dans notre petit point de vente prochainement.

 


Frédérique, Théo, nous vous remercions du temps que vous nous avez accordé.

Nous espérons que vous pourrez, comme nous tous, retrouver un équilibre de vie en étant à l’abri de ce virus le plus rapidement possible.

 

Bonne continuation et à très bientôt.

Curieuse et passionné de nature, de chevaux et de balades, je serai ravie de vous faire découvrir les trésors de la vallée de Villé !

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