A la rencontre d’Olivier Seyller
l y a quelques jours, nous rencontrions Olivier Seyller, technicien forestier ONF de Villé pour lui poser quelques questions sur son métier et pour comprendre comment était gérée la forêt qui nous entoure. Notre forêt est assez impactée par les différents changements climatiques que nous connaissons aujourd'hui et le rôle des forestiers de l'Office National de Forêts se tourne vers une gestion toute autre que celle qu'ils ont connue il y a quelques années. Le Covid-19 a également laissé des traces, économiques et logistiques, et aujourd'hui les forestiers font face à des quantités de bois à écouler qui sont énormes. C'est dans ces conditions compliquées que nous rencontrons Olivier. Il est évident que nous sortirons de cette crise mais les impacts immédiats sont bien présents et régissent sont quotidien, comme celui de ses 9000 collègues à l'ONF.
Bonjour Olivier.
Est-ce que vous pouvez vous présenter en quelques mots ?
Bonjour je forestier dans la vallée de Villé plus précisément sur le triage de SAINT-MARTIN depuis octobre 2006.
A ce jour la surface de mon triage est de 1142 ha, dont 172ha en forêt domaniale du HONCOURT, 38ha en forêt communale de BASSEMBERG, 751ha en forêt communale de BREITENBACH, 114 ha en forêt communale de TRIEMBACH-AU-VAL, et 67ha en forêt communale de VILLE
Depuis combien de temps travaillez-vous au pour l’ONF ?
En tant que forestier depuis le 01 janvier 2001 donc presque 20 ans.
Avant, en attendant de réussir le concours d’entrée à l’ONF, j’étais 4 ans ouvrier sylvicole dans le secteur de BARR.
L’ONF qu’est-ce que c’est ?
C’est un établissement public qui a pour objectif la gestion de la forêt avec plusieurs missions dont produire du bois de qualité, préserver l’environnement et accueillir le public.
Lorsque l’on évoque votre métier, on pense surtout à la gestion sanitaire des forêts ainsi que celui de la faune. Est-ce que l’idée que nous avons est la bonne et quel est le rôle principal d’un garde de L’ONF ?
Ce n’est pas que cela mais effectivement l’actualité du au réchauffement climatique et surtout aux sècheresses successives qui provoquent le dépérissement de certains peuplements change la donne. L’équilibre forêt- gibier ainsi que le renouvellement des forêts sont également essentiels.
Est ce qu’il y a une journée type pour vous ?
Non notre métier est très diversifié et l’une journée ne ressemble pas à une autre journée.
Cependant on peut dire que dans une semaine de travail en moyenne il y a 1.5 jour de martelage (marquage des bois qui seront coupés ou conservés) il y aura de la surveillance sanitaire, du respect de la règlementation, ainsi que des limites, des inventaires, de la préparation et de l’encadrement de chantier, parfois une réunion, il y aussi du travail administratif.
Combien de forestier ONF y a-t-il sur la Vallée de Villé ?
Il y a un responsable de l’Unité Territoriale de la Vallée de Villé et sept chefs de triage.
L’unité territoriale a une surface de 8087 ha mais déborde de la Vallée de Villé notamment en forêt domaniale de LA VANCELLE en limite avec le Haut -Rhin en forêt domaniale du BERNSTEIN, en forêt domaniale de ANDLAU LILSBACH, en forêt communale de STRASBOURG et forêt syndicale des 26 communes sur le ban communal du HOHWALD.
Avez-vous tous les mêmes fonctions et les mêmes missions ?
Concernant les chefs de triage nous avons les mêmes fonctions et les mêmes missions mais il y a des référents dans différents domaines, l’informatique, la police, la commercialisation du bois.
Peut-on dire que vous avez également un rôle de commerçants lorsque vous vendez le bois à des exploitants ou ce rôle appartient à une branche spécifique de l’office nationale des forêts ?
Avec les scieries qui ont validé des contrats d’approvisionnements nous pouvons vendre les bois après que le service commercial de l’agence de SCHIRMECK ait orienté les bois vers un acheteur. C’est nous qui négocions le taux de D qui influera sur le prix pour la majorité des ventes de résineux ainsi que pour le hêtre qualité bois d’œuvre
Autrement pour les feuillus précieux, les bois sont vendus en adjudication lorsque le volume et la qualité l’exige.
Pour le bois de chauffage la vente peut se faire à l’amiable ou en adjudication en fonction des volumes.
Comment voyez-vous l’avenir de notre forêt des Vosges Alsaciennes ?
Les effets du climat vont-ils faire changer l’aspect de la forêt, y aura-t-il d’autres essences d’arbres d’ici quelques années ou, plus dramatique, y aura-t-il de moins en moins d’arbres sur le domaine forestier ?
Effectivement les effets du climat et les difficultés de commercialisation font que d’un point de vu paysager la forêt va changer. Les arbres secs au bord des chemins et sentiers seront exploités ou abattus par sécurité, mais dans les parcelles nous ne pourrons pas tout couper faute de possibilité de vente et les budgets des propriétaires seraient très déficitaires. Il possible que certains sentiers soient détournés pour ces raisons.
La proportion des épicéas et des sapins va diminuer sans disparaitre dans un avenir proche. D’autre vont se développer comme le chêne, les pins, le douglas, le mélèze. Des essais de nouvelles essences sont en cours (pins laricio de Corse cèdre …).
Il est évident que dans les peuplements forestiers fortement impactés les forêts seront plus claires et il y aura moins d’arbres momentanément et comme la forêt pousse lentement il faudra être patient.
Avez-vous continué à travailler pendant le confinement ? Aviez-vous des missions de terrains un peu différentes de vos tâches quotidiennes et clairement liées à la crise que nous avons traversée ?
Oui nous avons continué de travailler pendant la période de confinement en respectant les gestes barrières, les réunions se faisaient par l’outil Skype et le travail de terrain a également continué en respectant les règles.
Nous avons effectivement un rôle de police forestière mais notre rôle n’était pas de contrôler si la distance de 1 km du lieu de résidence était respectée ni de contrôler l’attestation de déplacement.
Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans votre métier ?
La diversité du travail, le fait de travailler en forêt plus de la moitié du temps de travail, les relations avec les élus et les différents acteurs qui travaillent en forêt ou qui sont en forêt pour le loisir.
Si vous pouviez changer quelque chose dans notre forêt qu’est-ce que ce serait ?
Que cette forêt soit plus mélangée pour certaines parcelles.
Une forêt mélangée est plus jolie mais surtout également plus résistante aux maladies, aux attaques d’insectes et de préférence composée d’essences adaptées au terrain et au réchauffement climatique.
Olivier, nous vous remercions pour le moment que vous venez de passer avec nous.
La forêt Villoise est à n’en pas douter entre de bonnes mains.
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