L’Ironman en solo d’Antoine
Comme beaucoup de sportifs, j’ai ressenti beaucoup de déception à l’annonce de l’annulation de ma compétition « objectif », mais cette déception m’a permis de me concentrer sur la réalisation coûte que coûte de cette distance.
Quand Antoine décide de faire une course, il va jusqu’au bout … même si cette course est annulée !
Vous ne connaissez pas l’histoire d’Antoine ?
Ce jeune sportif de Bassemberg avait comme projet sportif de faire un triathlon XXL, début juillet à Gravelines. La situation sanitaire que nous connaissons à poussé les organisateurs à annuler cette épreuve.
Et bien pas de problème pour Antoine puisqu’avec l’aide de sa famille, il trace son parcours et se lance dans cette aventure en étant le « seul candidat » … de sa propre épreuve.
C’est ainsi que mi-juillet toute la famille s’élance dans cette aventure. Au programme :
Natation : 3,8 km
Vélo : 180 km
Course à pied : … ben un petit marathon pour finir tout ça avec pas moins de 42 km
Salut Antoine.
Comment vas-tu ?
Très bien ! Ça va faire maintenant un mois que l’épreuve est passée, et je commence à être en meilleure forme lorsque je refais du sport…
Est-ce que tu peux te présenter en quelques mots ?
Antoine, 22 ans, je suis passionné de sport depuis tout petit. J’ai d’abord pratiqué le basket pendant une dizaine d’années, puis la course à pied de manière « sérieuse » depuis deux ans avec du temps qui s’est libéré en école d’ingénieur.
Je crois que tu es actuellement en Suède ! Tu es parti je pense pour tes études, tu peux nous parler un peu de ton parcours scolaire ?
J’ai fait un bac S au lycée Koeberlé à Sélestat, puis je me suis inscrit en Classes Préparatoires au lycée Kléber à Strasbourg pour suivre ma volonté de devenir ingénieur. Le rythme de ces deux ans ne m’a pas empêché de courir, même si c’était qu’une à deux fois par semaine pour prendre l’air. Suite à ces deux ans, j’ai passé des concours pour entrer en école d’ingénieur, et j’ai rejoint l’Ecole Centrale de Lille, une école d’ingénieur généraliste. J’y ai passé deux belles années très enrichissantes, mais je ressentais l’envie de me spécialiser en ingénierie mécanique. Ajoutez à cela le désir de découvrir la culture des pays nordiques et un enseignement prestigieux, j’ai rejoint début août et pour deux ans l’université KTH (Kungliga Tekniska högskolan, institut royal de technologie) à Stockholm.
Revenons au sport et à cette « balade » familiale.
A peine plus de 12h00 au chrono pour un premier XXL. Bravo, c’est un très bon temps !
Comment en es-tu venu à prendre la décision de faire cette distance seul avec comme seul but celui de finir ?
Après m’être fixé comme objectif de faire le meilleur temps possible sur semi-marathon lors de ma première année d’école d’ingénieur, j’ai voulu profiter du temps libre que m’offrait la deuxième année pour préparer un défi plus ambitieux… La distance Ironman en triathlon est une distance de rêve pour beaucoup de sportifs, triathlètes ou non. Et c’est après beaucoup de réflexion que j’ai décidé de me fixer cet objectif, bien que n’étant pas triathlète à la base. Comme beaucoup de sportifs, j’ai ressenti beaucoup de déception à l’annonce de l’annulation de ma compétition « objectif », mais cette déception m’a permis de me concentrer sur la réalisation coûte que coûte de cette distance.
Quand on se lance sur un tel projet on est forcément prêt physiquement et l’effort relève du mental. Tu n’avais en définitive pas d’adversaire puisque tu partais sans la pression de la course et du classement.
Comment as-tu géré ça mentalement ?
Pour ma part, le fait de me savoir prêt physiquement a beaucoup contribué pour l’aspect mental. Je savais grâce au précieux suivi de Olivier Comau que tout avait été mis en place pour réussir l’épreuve. Et c’est à ça que j’ai pensé lors de mes coups de moins bien durant la course à pied : on ne peut pas abandonner une course pour laquelle on s’est entrainé jusqu’à 15h par semaine. Je m’étais imaginé la difficulté et la violence de l’effort avant l’épreuve, et en quelque sorte, je n’ai pas été surpris le jour J.
Beaucoup de sportifs seront d’accords si j’avance l’idée que faire une épreuve de ce type en étant seul à réaliser la totalité du parcours est un véritable challenge. Il n’y a pas l’émulation de la course et tu peux vite te retrouver à lutter contre toi-même.
Comment as-tu géré cette difficulté et quelle a été la place de ta famille tout au long du parcours ?
J’ai essayé de rester dans ma bulle pendant tout le parcours. Par exemple, pendant le vélo, j’écoutais des podcasts de science, de philosophie ou de sport pour penser à autre chose que la douleur dans les jambes. Ensuite, à partir du 21è km du marathon, la fatigue était très présente et je me suis remis dans ma bulle en écoutant de la musique. A part ça, mes parents assurant la « logistique » (principalement pour la nourriture) autour de l’épreuve, je n’avais à me soucier de rien d’autre que de ma course. Ils m’ont notamment suivi à vélo tout au long du marathon, compensant légèrement l’absence d’autres compétiteurs à mes côtés, même s’il était impossible de reproduire l’atmosphère d’une course.
Le parcours justement, comment et pourquoi avoir choisi ces tracés et ce lieu de nage ?
Pour ne pas ajouter de difficulté à l’épreuve, j’ai décidé de tracer un parcours plat autour de Benfeld. J’ai donc nagé dans le plan d’eau tôt le matin (départ à 6h), puis effectué deux boucles de 90 km (Benfeld – Marckolsheim par Diebolsheim, puis retour par Hilsenheim). Que ce soit pour le vélo ou la course à pied (deux boucles de 21km), je souhaitais un parcours assez « simple » pour ne pas réfléchir à l’orientation.
Comment vois-tu ton futur sportif ? Tu vas continuer sur du triathlon XXL, te focaliser sur la course à pied ?
Je ne vais pas pour le moment continuer sur du triathlon longue distance. Je ressors grandi de cette expérience, mais je sais aussi qu’il n’est pas bon d’en faire trop, trop jeune. Actuellement en Suède, je n’ai pas (encore ?) mon vélo de route, donc je vais me concentrer sur la course à pied, sur des distances en compétition entre 10 et 21km, dans l’objectif d’améliorer mes records.
Tu as déjà regardé ce qu’il y avait comme courses en Suède ?
Il y a de quoi faire à Stockholm ! Malheureusement, au contraire de la France où certaines courses peuvent déjà avoir lieu, il n’est pas du tout sûr que les courses en septembre soit maintenues ici. Je vais prendre mon mal en patience, et recommencer à m’entraîner pour préparer la suite. Les installations ici vont m’être d’une grande aide, car j’ai une piste d’athlétisme accessible à 100m de mon appartement, et une autre magnifique (stade olympique de 1912) juste à côté de mon université.
Antoine, merci de nous avoir répondu.
Nous te souhaitons le meilleur pour la suite, au niveau du sport et surtout de tes études et tes projets.
Après cette interview, en échangeant par mail avec Antoine, il nous expliquait que pour jauger son corps sur une longue distance, il avait réalisé, un mois avant le triathlon, un tour de la Vallée de Villé en Trail avec un ami (Corentin Thomas) de 60 km et 2700m de dénivelé! (Neubois – Coucou – Roche des fées – Col de Fouchy – Col d’Urbeis – Climont – Champ du feu – Kreuzweg – Ungersberg – Heissenstein – Falkenstein – Neubois). Un défi de 10h de course à pied.
…Avis au amateurs.
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